Bulletin
de liaison de l’Association des personnels de la « 5 » –
N°51 – Décembre 2010
Conscient
de mon acquis aéronautique mais habitué à un
« rituel » plus technique pour voler sur
un nouvel
avion (enfin pour moi au moins) j’affichais une moue mi-confiante,
mi-confite !
Je passais
une grande partie de la nuit dans ma chambre du Mess off… situé
de l’autre de la route
nationale :
Belgique – plages du Sud (je ne vous raconte pas pour traverser au mois
d’août !!! L’alerte
D.A. se
prenait du reste pour cette raison, en 30’ pendant les heures de repas
!) à potasser, enfin à
essayer de
déchiffrer le « Manuel »… Au petit matin, le carnet
de procédures à la main, je me présentais
au «
Lorraine »… Briefing cabine devant la photo du cockpit qui
était aussi vieille que l’avion (elle avait
dû
être prise par Nicéphore Niepce !)
Bref !
à midi, j’avais la tête comme… un vautour ! Je
déclinais l’invitation à déjeuner au mess,
n’étant
pas
sûr de revenir pour l’heure du décollage : 15 h !
Comme le
voulait la tradition, le « deuxième homme »
d’équipage, pour un lâcher, n’était pas un
navigateur
mais le commandant d’escadrille en personne ! (Pas fous les nav !)
L’infortuné commandant
d’escadrille
étant en place arrière… sans commandes de vol !
« pas
de soucis, je vous dirai tout en l’air !... »
Bon. La
mission c’est parti… signature des documents : RAS. Facile. Même
si la liste des
«
réserves » était longue comme le parking de la
30°. Rien d’essentiel me dit-on.
On se
dirige vers la ligue « d’avions » qui n’en comporte qu’un
(le spare est dans le hangar !)
Imposante
la bête ! Haute de 2 étages, avec 2 réacteurs, 2
hommes d’équipage, 6 roues, 4
canons : un
monstre avec de grosses roues au milieu (diabolos pour initiés)
et des petites en bout de
plumes
(balancines pour les pilotes pommés comme moi). La queue du
Dinosaure est au ras du béton,
avec un
étrange seau métallique (ex. boîte d’huile) pendu
sous l’arrière… se balançant au gré du vent,
cette
boîte était sensée recueillir le trop-plein de
kérosène… mais, sous l’effet du vent, les gouttes de ce
précieux
liquide
inondaient le parking en une énorme flaque… Heureusement
il y avait des extincteurs.
La visite
« pré-vol » se poursuivit par une station de
plusieurs minutes avec le commandant d’escadrille
et le
mécano dans le ventre du monstre, pour vérifier je ne
sais quel breaker ou quelle tuyauterie… dans
le noir le
plus complet. Ok, c’est bon ! Même station devant « les
» réacteurs qui sont aussi
inaccessibles.
Au
passage, on enlève une « foultitudes » de
sécurités, de caches, de flammes rouges,
longues
comme des draps de lit ( en 140) que l’on entasse religieusement dans
une caisse en bois
réservée
à
cet effet.
Quelques
flaques de liquide hydraulique plus loin, nous voilà au pied des
échelles. Une longue
ascension
commence périlleuse, avec le casque, les cartes, les notices,
etc… et mon co-équipier a même
emporté
sa
règles CRAS, Dieu soit loué !
Assis enfin
dans l’habitacle étroit et poussiéreux, j’entame,
après avoir été « brêlé »
pour le
mécano
(avez-vous
remarqué comme les mécanos ont une sauvage
tendance à lâcher la boucle chrono-
barométrique,
d’un
poids plus que conséquent, sur les parties intimes du
pilote, qui avec le pantalon
anti-G sont
particulièrement exposées ? )
L’inspection
cabine
ne pouvant être que partielle, étant donné
que le pilote, une fois attaché,
masqué,
casqué
perd 30 à 40 % de sa vision
périphérique, en particulier sur les banquettes
latérales.
Dieu merci,
l’avionneur n’y a logé que le bloc de démarrage, que des
tas de bitards qui ne servent à
rien !
Contact
interphone = Ok – contact Tour = Ok. Plein de mécanos devant et
sur les côtés… Paré
pour la mise
en route. Le réacteur gauche d’abord. Bien. Le bloc de
démarrage est à gauche… mais le
bras gauche,
même en prenant un position de l’escrimeur : la main en septime,
est incapable d’atteindre
les boutons
de démarrage… Il faut donc se servir du bras droit
élémentaire mon cher ICARE !