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Bulletin de liaison de l’Association des personnels de la « 5 » – N°51 – Décembre 2010
Bulletin de l’association des personnels de la « 5 »
Base aérienne 115 – 84871 ORANGE Cedex
New’s
N° 51
EDITORIAL
Nous avons un nouveau Ministre de la défense.
Nous perdons Morin sans regret mais ce ne sera pas la même chose avant et
après lui. Dommage, mais c’est le fait de toutes les structurations de la défense
dont on doit constater qu’elles n’ont été bénéfiques qu’à leurs initiateurs.
Aujourd’hui nous avons notre nouveau Ministre de la Défense qui a supprimé
le GLAM (Groupe de Liaisons Aériennes Ministérielles) en 1995 créé, pardonnez
moi, par le Général de Gaulle en 1946 qui, lui, avait compris que l’intérêt supérieur
de l’Etat méritait un traitement particulier pour les déplacements de ses Ministres.
Quelques jours après la suppression du GLAM, Jacques Chirac descendant de
son Mystère 20 en face du Boeing 737 d’Helmut Kohl à Strasbourg, a pensé que
ce n’était pas une bonne chose. Mitterrand lui-même l’avait compris quand il
utilisait deux Concorde pour ses déplacements.
Le GLAM n’a pas été recréé, mais tous les avions du GLAM ont migrés vers la
deuxième escadrille (nouvellement créée à fin de remplacer le GLAM) de l’ETEC
(escadron de transport d’entraînement et de calibration). Les avions du GLAM sont
restés sur les mêmes parkings, les personnels sont restés dans les mêmes locaux,
les Ministres et le Président ont pu prendre les mêmes avions !!!
Et maintenant, monsieur le Ministre de la Défense, que fait-on ? Aurez- vous
le courage de recréer le GLAM ? Que vous le vouliez ou non, rien ne peut se faire
sans l’Armée de l’Air, c’est vrai pour votre transport mais aussi pour toutes les
interventions dans le monde entier.
Seule l’Armée de l’Air a été le fer de lance de la France dans les 40 dernières
années avec ses avions de transport et ses moyens de combat.
En attendant,
Bonne et très douce année 2011.

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Marcel Albert est mort
et « Le Chinois » m’a fait passer cet article sur ce chasseur qui a
servi à l’Ile de France avant de servir au NN
Avec Roland de La Poype, il ne reste plus qu’un seul pilote du Normandie-Niemen Compagnon
de la Libération. En effet, le capitaine Marcel Albert est décédé dans la nuit du 22 au 23 août dans une
maison de retraite à Harlingen, au Texas.
Né le 25 novembre 1917, dans le XIIIe arrondissement de Paris, Marcel Albert entre très tôt
dans la vie active en étant ouvrier métallurgiste aux usines Renault. Mais, à l’époque de l’Aviation
populaire, il obtient une bourse afin de pouvoir prendre des cours de pilotage. En 1938, Marcel Albert
s’engage pour trois ans dans l’armée de l’Air. Il obtient son brevet de pilote militaire en juillet de la
même année puis il rejoint la base aérienne d’Istres pour y suivre le cours des élèves sous-officiers de
carrière du personnel navigant.
Après un passage à la 1ere escadre de chasse d’Etampes, le jeune sergent Marcel Albert est
affecté au Centre de formation des pilotes de chasses de Chartres en qualité d’instructeur. Il rejoint, le
15 février 1940, le groupe de chasse 1/3, avec lequel il effectue 37 missions de guerre lors de la
Campagne de France. Le 14 mai, il abat un avion allemand et obtient une victoire « probable » une
semaine plus tard.
Après la signature de l’armistice, mettant fin aux combats, Marcel Albert suit son groupe de
chasse à Oran (Algérie). En octobre 1941, il rejoint Gibraltar avec son Dewoitine 520, en compagnie de
deux équipiers : Marcel Lefèvre et Albert Durand. Tous les trois seront affectés, plus tard, au
Normandie-Niemen.
Mais auparavant, ces pilotes qui ont refusé la défaite – ils seront condamné à mort par
contumace par le tribunal militaire d’Oran – embarquent à bord d’une corvette afin de rallier l’Angleterre.
Arrivés à Londres, Marcel Albert s'engage au sein des Forces aériennes françaises libres (FAFL) avec ses
camarades. Il est affecté, au groupe de chasse « Ile de France » des FAFL, avec lequel il mène 47
missions de guerre.
Volontaire pour combattre sur le front soviétique, l’aspirant Marcel Albert s’envole vers Rayak,
au Liban, pour rejoindre le groupe de chasse Normandie, arrivé en Union soviétique en décembre 1942,
Marcel Albert ne tarde pas à s’illustrer. Ainsi, en 1943, il obtient 4 victoires aériennes et, promu
lieutenant, il prend le commandement de la 1ere escadrille du Normandie.
Les missions s’enchaînent alors à un rythme très élevé. C’est ainsi que Marcel Albert effectue
199 sorties aériennes pour 1131 heures de vol. Il obtient le record de victoires du Normandie-Niemen,
avec 24 avions abattus, et devient le second as français de la Seconde Guerre Mondiale, derrière Pierre
Clostermann.
A la fin du conflit, Marcel Albert est capitaine, commandeur de la Légion d’honneur, Compagnon
de la Libération et Héros de l’Union soviétique. En 1945, il quitte le Normandie-Niemen. Reste dans
l’Armée de l’Air jusqu’en 1948 et il part aux Etats-Unis où il va se lancer dans les affaires en créant une
chaîne hôtelière.
Le 12 avril dernier, Marcel Albert a été élevé à la dignité de Grand’ croix de la Légion d’honneur.
Il était en outre titulaire de la Croix de guerre 39-45 avec 15 palmes et 3 étoiles vermeil et de la
médaille de la Résistance avec rosette. Il avait été également décoré de trois distinctions soviétiques :
Ordre du drapeau rouge, Ordre de la Guerre pour le Salut et la Patrie et Ordre de Lénine.
NNeewwss....
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Rappelez-vous, dans le N° 48 d’AP 5 New’s, Nous avons rendu hommage au colonel
Rombi. Le colonel Bourdila a précisé qu’il avait « organisé » et réussi l'évasion en
vol de la Division d’instruction de vols de Meknes vers Tours au nez et à la barbe des
sbires d'Hassan.
Pierre Mazauric qui a participé à cette « manip » nous la livre en direct, dans une
correspondance qu’il a eu la gentillesse de nous transmettre.
Objet : « Evasion » DIV de Meknes à Tours
Ayant participé, comme pilote, à la mission nommée en objet de cette lettre, les responsables du
Bulletin de l’association des personnels de la «5 » dont vous êtes lecteur, m’ont demandé d’apporter une
réponse à votre demande d’information, vous-même ayant participé, à cette époque, au secrétariat du
Lieutenant Colonel Rombi, commandant de la Division d’Instruction en Vol de L’Ecole de Chasse à
Meknes.
Breveté pilote de chasse à l’école de Meknes en décembre 1954 (promotion 53B), je rejoins mon
affectation à la 11
ème
Escadre de Chasse à Luxeuil-les-Bains (Hte Saône) escadron 2/11 « Vosges » en
janvier 1955.
Affecté à Meknes en décembre 1960 comme instructeur à l’école de chasse, j’apprends en arrivant
sur place que ma famille ne me rejoindra pas comme il est d’usage ; je suis informé que les relations
entre la France et le Maroc se sont détériorées depuis le retour d’exil du Sultan Mohammed V, que le
devenir de la Base est incertain, qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter, qu’une bonne solution sera trouvée…
J’effectue mes qualifications d’instructeur en décembre 1960 et janvier1961 et mes premières missions
d’instructions en vol avec des élèves au sein du 2
ème
escadron d’instruction en février. J’en suis d’autant
plus content que je faisais partie de cet escadron, la tête de panthère noire sur fonds d’étoile
Chérifienne, lorsque j’étais élève en 1954, et que le commandant de cet escadron était le capitaine
Marchandise qui m’avait reçu dans son escadrille à mon arrivée à la 11. Pendant toute cette période
nous ne parlons pas de la situation précaire, nous n’avons pas de restrictions pour nous déplacer en
ville, pas d’armement individuel.
Le 14 février 1961, dans l’après-midi, un briefing général est organisé pour les pilotes instructeurs,
dirigé par le commandant Rombi ; y assistent le commandant de la Base (colonel THIERRY je crois), les
chefs des moyens techniques, du contrôle d’aérodrome, de la météo…
La mission est la mise en sûreté des moyens aériens de l’Ecole, dans un premier temps les T33,
qui risquent de nous être « confisqués » par les autorités marocaines. Les MD 450 « Ouragan » seraient
évacués plus tard.
Conditions d’exécution de la mission :
72 avions en patrouilles de 2 avions
Destination Tours, si possible sans escale, à défaut Istres ou Cognac. En cas de problème
technique ou autre, se poser hors du Maroc.
Silence radio total.
Les avions sont rangés sur le parking dans l’ordre de décollage, se déplacent et s’alignent
pour le décollage aux signaux des drapeaux (ou lampes) rouge et vert...
La météo est bonne, anticyclone hivernal sur tout le parcours.
Pour les « célibataires » comme moi, faites vos bagages dans vos chambres, vous les
retrouverez à l’arrivée. J’ai oublié la consigne pour les mariés ou elle n’a pas été dite à ce briefing.
NNeewwss
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Exécution de la mission :
15 février 1961 à 07h30, Le Capitaine Marchandise leader de la 1
ère
patrouille et moi-même
équipier, décollons en formation serrée, face au Nord pour éviter de survoler la ville, et débutons la
montée en formation de manœuvre.
Premier rassemblement vers 30 000 pieds sur « battements » d’aile du leader, le poing en forme
de trompe de chasse devant le masque à oxygène formule la question sur la situation carburant, le
pouce en l’air la réponse que c’est bon, l’avant-bras basculé vers l’avant plusieurs fois signifie que l’on
continue. Nous n’aurons jamais de contact radio entre nous pendant la mission, ni avec les autres
avions.
Sur L’Espagne, vers 37000 pieds, altitude que nous avions atteinte au fur et à mesure de notre
allègement en carburant, nous apercevons des traînées d’avions de chasse, sans doute des F86 Sabre
des forces aériennes espagnoles ou américaines. Les radars au sol avaient dû remarquer sur leurs
écrans, les échos des 36 patrouilles de T33 en « file indienne ».
Les chasseurs « alliés » n’ont effectué aucune manœuvre d’identification ou d’interception. Nous
aurions été bien empêchés de manœuvrer à cette altitude, notre vitesse indiquée étant à la fois proche
de la vitesse minimum et de la vitesse maximale.
En vue de Cognac mon leader m’indique que nous commençons la descente, nous nous
présentons dans le circuit de Tours, procédure radio faite par le leader, j’annonce mon virage de
présentation trains et volets sortis et vérifiés, ouf, je n’ai pas parlé depuis 2h30. J’ai nommé cette
mission sur mon carnet de vol « convoyage Meknes Tours ».
Après notre arrivée, nous avons appris qu’un T33 de la mission s’était posé réacteur éteint sur un
aérodrome des environs de Madrid. Bonne manœuvre du pilote. Très bon travail des équipes techniques
qui avaient préparé les 72 avions. L’origine de la panne aurait été le givrage du filtre à carburant. Nous
apprenons aussi que des liaisons « radio amateur » en HF avaient été établies entre Meknes et Tours.
Le 6 mars 1961 nous reprenions nos missions avec les élèves pilotes à un rythme soutenu : 21
missions d’instruction pour 22h25 de vol sur mon carnet pour le mois de Mars.
Malgré la longueur de ce texte, rien d’extraordinaire.
Par contre je ne peux pas éclairer toutes les réflexions et décisions qui ont conduit au succès de
cette mission.
Les points clés me paraissent être :
- Préparation minutieuse et discrète, ne pas créer d’inquiétude.
- Pas de triomphalisme, il est inutile d’agresser les Marocains.
Le Lieutenant Colonel Rombi, commandant de la DIV a certainement été au cœur de la
préparation de cette mission, j’ai été assez proche de lui pendant quelques mois à Tours, nous n’en
avons jamais parlé !
NNeewwss
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Encore une histoire de René Lussagnet. Ce vol avait fait grand bruit
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"Je vous ai montré une photo du tee-shirt de la jeanne tiré d'un dessin du S/C Cosquer dans les
années 1962/63. J'ai retrouvé la photo du dessin original dans le style JG Domergue. Si quelqu'un
peut donner des informations sur son devenir, il sera le bien venu."
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Roland Aguilon nous a déjà régalés par ses témoignages vivants et instructifs.
Il nous livre ici son expérience sur Vautour à la 30. Il venait d’être affecté dans
cette escadre qui devait être la première à recevoir des Mirage F 1. Cela lui a permis
de faire quelques missions sur l’Anti-Avion !!!
Que mes camarades, pilote et navigateur, que mes vénérables anciens, que les ingénieurs, les
avionneurs et les ouvriers des chaînes veuillent bien me pardonner pour le récit qui va suivre.
Il y a prescription dans le Code de l’aéronautique… 36 ans !
Jeune commandant (enfin presque !) je venais d’effectuer 4 années à la 2
ème
Escadre de Chasse
à Dijon qui, comme chacun sait, était l’ACADEMIE de la Chasse, la bien nommée ! Toujours équipée des
derniers modèles. Je venais de terminer mon temps sur MIII E, qui avait, à Dijon, succédé au MIII C,
lesquels III C avaient été « royalement » offerts à … la 5° E.C. ! En matière de matériel aéronautique,
la divine 5 a souvent hérité des reliefs de la Table d’hôte !
Bref ! Le haut commandement m’avait fait croire que je faisais le « bon choix » (comme d’hab…
« The right man at the right place » ou, comme le déclarait haut et fort un des plus éminent Inspecteur
de l’A.A. (au temps où c’était un personnage !) : « mettez-moi les meilleurs partout pour le reste je
m’en fous ! » Quelle philosophie de D.R.H. !
Re-bref ! Je faisais donc mes valises, en août 73, à REIMS ! De jour ! dans le sanctuaire de la
Chasse de nuit (voire de la chasse tout temps ! ) Débarqué du MD 315 qui m’avait élégamment amené
jusque là, sur un immense (le mot est faible !) parking plombé par le soleil… un seul avion stationnait
sur les 7 ou 8 hectares de béton !
Même les hangars étaient immenses avec des portes « monstrueuses »… comme au temps des
Zeppelin !
J’eus, soudain, l’impression qu’on m’envoyait plutôt en punition dans ce Sahara de l’aviation !
Je traînais néanmoins mon sac jusqu’à un petit bâtiment d’un blanc nord africain… qui m’avait
été indiqué comme le « centre nerveux » de l’Escadre !
J’accrochais poignard et décorations, enfilais mes gants blancs et frappais à la porte surmontée
de l’écriteau « Commandant la 30
ème
E.C.T.T. (TT pour tout temps… ou tous temps ou tout le temps… je
ne sais). Pas de réponse… Secrétariat : personnes… Je me dirigeais alors vers le fond du couloir dans ce
qui devait devenir « mon fief »… la salle d’OPS. Je réveillais un caporal somnolent au bureau du D.V.
derrière les radios et les tannoys… muets.
Coup d’œil au tableau d’ordres… Une liste longue « comme ça » de plaquettes…
« il y a un chise en l’air » demandais-je ?
« Non, me répondit le caporal, 2 avions en l’air, les autres sont dans le hangar. Ah ! bon…
Il est vrai que 4 avions avec pilotes et navigateurs cela fait l’effet d’un BCP sur le tableau.
Décontenancé, je me dirigeais vers le premier Escadron, le « Normandie-Niemen »… vide ?
Plus loin, caché derrière un hangar, le « Lorraine ». Un commandant d’Escadrille, le crâne rasé à
double zéro mais avec un collier de barbe me reçoit (enfin un indigène !) et m’explique la cause du
« vide » : le Neu-Neu est à Marsan, le Lorraine est en perms.. Bienvenue à la 30
ème
ECTT.
M’enquérant de l’activité aéronautique prévue (normal pour un chef des OPS !) il me répond :
« Ne vous inquiétez pas mon commandant, votre lâcher sur vautour est prévu pour demain !… »
Les bahutages recommenceraient-ils ?
« Voilà la doc. Je vous briefe sur la mission demain matin et je vous lâche l’après-midi » !…
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Conscient de mon acquis aéronautique mais habitué à un « rituel » plus technique pour voler sur
un nouvel avion (enfin pour moi au moins) j’affichais une moue mi-confiante, mi-confite !
Je passais une grande partie de la nuit dans ma chambre du Mess off… situé de l’autre de la route
nationale : Belgique – plages du Sud (je ne vous raconte pas pour traverser au mois d’août !!! L’alerte
D.A. se prenait du reste pour cette raison, en 30’ pendant les heures de repas !) à potasser, enfin à
essayer de déchiffrer le « Manuel »… Au petit matin, le carnet de procédures à la main, je me présentais
au « Lorraine »… Briefing cabine devant la photo du cockpit qui était aussi vieille que l’avion (elle avait
dû être prise par Nicéphore Niepce !)
Bref ! à midi, j’avais la tête comme… un vautour ! Je déclinais l’invitation à déjeuner au mess,
n’étant pas sûr de revenir pour l’heure du décollage : 15 h !
Comme le voulait la tradition, le « deuxième homme » d’équipage, pour un lâcher, n’était pas un
navigateur mais le commandant d’escadrille en personne ! (Pas fous les nav !) L’infortuné commandant
d’escadrille étant en place arrière… sans commandes de vol !
« pas de soucis, je vous dirai tout en l’air !... »
Bon. La mission c’est parti… signature des documents : RAS. Facile. Même si la liste des
« réserves » était longue comme le parking de la 30°. Rien d’essentiel me dit-on.
On se dirige vers la ligue « d’avions » qui n’en comporte qu’un (le spare est dans le hangar !)
Imposante la bête ! Haute de 2 étages, avec 2 réacteurs, 2 hommes d’équipage, 6 roues, 4
canons : un monstre avec de grosses roues au milieu (diabolos pour initiés) et des petites en bout de
plumes (balancines pour les pilotes pommés comme moi). La queue du Dinosaure est au ras du béton,
avec un étrange seau métallique (ex. boîte d’huile) pendu sous l’arrière… se balançant au gré du vent,
cette boîte était sensée recueillir le trop-plein de kérosène… mais, sous l’effet du vent, les gouttes de ce
précieux liquide inondaient le parking en une énorme flaque… Heureusement il y avait des extincteurs.
La visite « pré-vol » se poursuivit par une station de plusieurs minutes avec le commandant d’escadrille
et le mécano dans le ventre du monstre, pour vérifier je ne sais quel breaker ou quelle tuyauterie… dans
le noir le plus complet. Ok, c’est bon ! Même station devant « les » réacteurs qui sont aussi
inaccessibles. Au passage, on enlève une « foultitudes » de sécurités, de caches, de flammes rouges,
longues comme des draps de lit ( en 140) que l’on entasse religieusement dans une caisse en bois
réservée à cet effet.
Quelques flaques de liquide hydraulique plus loin, nous voilà au pied des échelles. Une longue
ascension commence périlleuse, avec le casque, les cartes, les notices, etc… et mon co-équipier a même
emporté sa règles CRAS, Dieu soit loué !
Assis enfin dans l’habitacle étroit et poussiéreux, j’entame, après avoir été « brêlé » pour le
mécano (avez-vous remarqué comme les mécanos ont une sauvage tendance à lâcher la boucle chrono-
barométrique, d’un poids plus que conséquent, sur les parties intimes du pilote, qui avec le pantalon
anti-G sont particulièrement exposées ? )
L’inspection cabine ne pouvant être que partielle, étant donné que le pilote, une fois attaché,
masqué, casqué perd 30 à 40 % de sa vision périphérique, en particulier sur les banquettes latérales.
Dieu merci, l’avionneur n’y a logé que le bloc de démarrage, que des tas de bitards qui ne servent à
rien !
Contact interphone = Ok – contact Tour = Ok. Plein de mécanos devant et sur les côtés… Paré
pour la mise en route. Le réacteur gauche d’abord. Bien. Le bloc de démarrage est à gauche… mais le
bras gauche, même en prenant un position de l’escrimeur : la main en septime, est incapable d’atteindre
les boutons de démarrage… Il faut donc se servir du bras droit élémentaire mon cher ICARE !
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Je lance donc, avec l’aide de ma main gauche, ma main droite vers le bouton du démarreur,
bingo ! Panique chez les mécanos… c’est la bouteille droite qui percute et le réacteur droit qui tourne
avec force de fumée blanche… les mécanos sautent sur leur extincteur et vont tous à droite… alors, que
je réalise mon erreur, je lance le gauche… re-panique chez les mécanos ! Enfin, ils tournent ! (les
réacteurs !)
Je branche le reste au hasard de ma mémoire et des conseils éclairés de mon « passager »…
OUF !... Mais le calvaire ne fait que commencer. Il faut sortir le Pélican de son aire ! Je ne vous raconte
pas comment on se sert d’une poignée sur le manche qui ressemble à un frein de vélo, et des
palonniers pour faire sortir le monstre qui refuse de virer et dont l’aile s’enfonce jusqu’à terre…
Je vais finir dans l’herbe ? Les mécanos écœurés ont fui !...
Quelques longues minutes plus tard, après un roulage plus que laborieux, « l’anti-avion » est en
l’air… Je me demande toujours comment…
Bien installé par mon « passager » qui, à mon avis, ne voyait rien dehors ! Tout rentre, même les
volets et les « roulettes » et nous entreprenons une ascension à 40 000’. Quelques « dizaines » de
minutes plus tard arrivant au niveau, je constate que mon commandant d’escadrille est muet (serait-ce
d’admiration ?) Il ne répond plus à mes appels. Panne d’interphone ? C’est, m’avait-il prévenu, la panne
grave et pour cause !... Rien. Bon… soudain, la règle CRAS (admirable amiral créateur de cet outil
précieux ! ) vient sur mon épaule me délivrer un message écrit de mon « passager » où, en quelque
sorte, était résumé le reste de la mission : « TVB… à vous de jouer ! »
J’attaque alors l’IPEN (ou quelque chose comme çà) qui a pour but de faire prendre conscience au
pilote que le VII N « Vautour » n’est pas supersonique. 20 000’ plus bas et quelques points de mach
acquis de haute lutte, il faut pousser sur le manche pour cabrer… Amusant non ? C’est l’impression des
commandes chère aux essayeurs de 1950 !
Après quelques tours de piste, train sorti, avec volets, sans volet, j’ai enfin touché la piste… avec
le diabolo arrière… parce qu’avec l’avant en premier on m’avait prévenu, vous entrez en « pompage
pilote » et ça se termine dans la barrière !
Encore quelques minutes de calvaire pour rouler jusqu’au parking et quitter ce monstre anté
diluvien avec plaisir et quand même une pointe de fierté bien compréhensible !
Le lendemain je volais avec un navigateur, un vrai (un brave !) avec un vrai interphone et une
vraie règle CRAS.
La semaine suivante, je présidais la commission d’examen du dernier BCP sur Vautour. La voilà la
vraie raison de mon lâcher en panique !
Puis je m’en allais, plein d’usage et de raison… vivre avec d’autres… la transfo F 1.
J’avais été, je crois, le dernier pilote (au moins à la 30 EC… TT) a être lâché sur… l’ANTI-AVION !
NNeewwss
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Dernière nouvelle -Un nouvel avatar de l’aéronavale.
Un Rafale Marine est promu refuge à langoustes. A 70 M€ le Rafale Marine ça fait cher la
langouste. Qu’importe la Marine Nationale est la championne du Coût/ inefficacité.
On ne peut pas être un bon marin et un bon aviateur à moins de dire avec honnêteté
comme l’Amiral Lemonier « Marin de métier, Pilote de fortune... »
Comme on le dit souvent,
il aurait été plus intelligent de faire décoller ce Rafale depuis Kandahar.
Mais comment justifier le PA et la gabegie autour de la mission en Océan Indien. ???
Comment un Rafale Marine est tombé en panne sèche au dessus de l'océan indien
Le Rafale qui s'est écrasé en mer dimanche dernier a bien été victime d'une panne sèche : ses
moteurs se sont arrêtés parce qu'il n'y avait plus de carburant. Moins d'un quart d'heure après le
catapultage, un voyant signale un problème de carburant. Il s'agit en réalité d'une petite panne du système
électronique, sans gravité immédiate, comme si la jauge de votre voiture ne fonctionnait plus alors que
vous venez de faire le plein. Le pilote décide légitimement de faire demi-tour pour revenir sur le porte-
avions.
Pour une raison liée aux manœuvres à la mer, il doit attendre un peu, car le porte-avions ne peut le
"ramasser" tout de suite. Pour se poser, il lui faut s'alléger car l’avion est alors lourdement chargé : deux
gros bidons de kérosène et plusieurs bombes. Pour s'alléger, il utilise le "vide-vite", qui permet, comme son
nom l'indique, de vider vite. C’est une manœuvre très courante. Le pilote vide donc ses réservoirs, ceux
situés dans les ailes et les bidons accrochés sous la voilure. Pour une raison inconnue, le Rafale doit
ensuite se ravitailler auprès d'un chasseur ravitailleur, surnommé "nounou". Malheureusement, le
carburant transféré est aussitôt rejeté dans l'air, à cause du vide-vite toujours en fonctionnement. La
présence de réservoirs supplémentaires sous les ailes pourrait expliquer «partiellement» le problème. En
effet, une fois le vide-vite des réservoirs percuté, ceux-ci ne peuvent plus se refermer. Le carburant entre
par un trou et ressort aussitôt par un autre... La seule manière de fermer le système est de larguer les
réservoirs. C'est en tout cas ce que précise le manuel. Or le pilote ne l'a pas fait. Quoi qu'il en soit l'avion
est tombé rapidement en panne sèche, conduisant le pilote à s'éjecter et l'avion à s'écraser dans l'océan
indien. Un Rafale équipé coûte environ 70 millions d'euros.
Qu’en pense la marine ?
« Le pilote n'est pas coupable et qu'il a fait ce que tout pilote aurait fait dans cette circonstance »
Qu’en pense Dassault ?
«L’avion n'est pas vraiment en cause et les procédures, certes complexes n'ont pas été rigoureusement
suivies (
NDLR
:
Marin de métier ou Pilote de fortune
! )
Un petit souci technique n'aurait jamais dû conduire l'avion à s'écraser.
Francette CHAIR nous a quittés.
Nous assurons Yvon et sa famille de toute notre amitié.
NNeewwss
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