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Bulletin de l’association des personnels de la « 5 »

Base aérienne 115 – 84871 ORANGE Cedex


New’s  58  novembre 2012




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EDITORIAL  
Les News 
Nous avons perdu Pierre Colombe qui avait écrit:
Une journée d’alerte ordinaire
&
SAMY – Pilote de chasse 
Une superbe histoire d’aviateurs et d’hommes qu’il faut replacer dans soncontexte
Le Banshee par Bourdila 
Une nouvelle piqûre de rappel du général Robineau 
Carnet noir
Le concours AirCent
 







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EDITORIAL

Début octobre, le Ministre de la Défense Monsieur Le Drian a prononcé à Brest un discours que l’on pourrait intituler:

Va-t-on enfin faire le choix de la mer?

Ce ministre est un élu de Bretagne et on voit très bien quelles peuvent être ses inclinations. Sans être devin, je pense que les marins qui l’entourent ont dû ciseler quelques morceaux choisis de ce discours. Il y a un passage qui m’a interpelllé par son archaïsme:
Le Ministre a cité Richelieu: «On ne peut sans puissance sur mer ni avoir la paix, ni gagner la guerre» et d’estimer que «c’est encore vrai aujourd'hui».

Déjà citer Richelieu en 2012 comme une grande orientation de la politique de défense de la France en 2012 c’est bien pour la culture mais c’est déjà risqué ! Alors oublier la troisième dimension (que Richelieu ne pouvait connaître en 1630) c’est dommage pour le ministre qui dévoile ainsi sa partialité

Plus dommageable encore c’est que Richelieu n’ait pas connu cet outil irremplaçable de stratégie, nous aurions eu une citation d’un autre niveau…





























Nous avons un nouveau CEMAA, le général Denis Mercier. Son prédécesseur le général JP Palomeros a été affecté à Norfolk pour succéder au général Stéphane Abrial.
Nous pouvons être fier de ces successions S. Abrial a commandé la «5» . JP Palomeros et D. Mercier ont été au 1/5 en première affectation et ils lisent tous notre revue.


Moins agréables sont les nouvelles des armées
Selon les chiffres communiqués par le ministère du Budget, 7.234 postes seront supprimés l'an prochain au Ministère de la Défense, sur un total de 12.298. La défense va donc supporter à elle seule 58,80% de l'effort de réduction, alors que ses personnels civils et militaires (env. 290.000) ne représente que 12% des effectifs totaux de l'Etat. Dans le même temps, 11.011 emplois publics nouveaux seront créés dont 10.011 dans l'Education et 1.000 dans la sécurité (Police, Gendarmerie et Justice). Chacun jugera (c’est encore en notre pouvoir)


Nous avons perdu Pierre Colombe. Nous avons eu ensemble quelques anecdotes qu’il a traduites avec cette finesse et cette délicatesse que nous lui avons connues. Ces récits ont déjà été publiés dans notre journal mais je ne peux résister à vous en livrer à nouveau deux.
Le premier à Orange, que j’ai vécu où les acteurs sont P. Colombe, C. De Bono (au charisme généreux) et Chaminade (superbe pilote des années 60/70).
Le second dans le désert libyen ou P. Colombe a travaillé. Ce récit est la synthèse de sa personnalité, un attachement humain, un sens de l’observation, une vraie capacité professionnelle, une réelle culture et cette simplicité dans les rapports entre hommes.

Une journée d’alerte ordinaire  à Orange


En ce temps-là, le commandant d’Escadre passait pour un loup garou. Sans doute pensez-vous que nous n’avions plus qu’à raser les murs, et bien «vous allez rire» comme dirait notre ami Goudard, nous ne nous sommes pas mis à baliser pour autant.
La semaine Pascale touchait à sa fin, et le vendredi Saint, vers 15 heures, nous entamions le premier de nos sept jours en H 24. Samedi, dimanche, lundi, trois jours fériés: pas d’avion sur la raquette donc pas de parasites, et par voie de conséquence, pas d’activité aérienne. Trop peu de joueurs de tarot dans l’équipe d’alerte composée entre autres de Rousset (armurier), D…(Équipement de bord), du regretté Charly De Bono et de moi-même.
A quoi occuper ces trois jours d’oisiveté ? Presque deux mille ans auparavant à la même époque, quelques bons apôtres bien inspirés trucidaient l’un des leurs sur la Sainte Croix. Nous, nous devions nous contenter de tuer le temps. Si au moins Subitani (Subitani était un chef de piste respecté, rugbyman et d’un charisme volontariste exemplaire NDLR) avait été notre chef d’alerte, nous aurions pu passer trois jours joyeux à balayer, passer du cirage rouge par terre, puis astiquer avec de la feutrine pour à la fin poser nos chaussures avant d’entrer dans la salle d’ops, transformée ainsi en mosquée. Mais hélas, le chef d’alerte c’était moi. Le samedi fut bien triste, le dimanche le fut moins, ce qui parait normal; il ne nous restait plus qu’à trouver l’agneau Pascal.
Dès Potron-minet, Charly avait rentré sa voiture dans le hangar et s’était mis en devoir de lui faire subir un nettoyage de printemps. Il faut croire qu’elle en avait besoin, car à midi l’aspirateur fonctionnait toujours.
Afin d’améliorer le menu, l’armurier était parti avec un hameçon, un fil de pèche, et une dizaine d’asticots trempés au préalable dans du pastis, tout ceci afin de taquiner la truite dans un ru passant sous la piste et se jetant dans la Meyne-Claire. N’allez pas l’ébruiter bien qu’il y ait prescription, mais les gendarmes de l’air nous avaient quelques fois poursuivis sans pour autant avoir de preuves.
En début d’après-midi, je m’étais assis par terre dans le hangar, en face de Charly qui, dans la même position, une brosse à chaussure dans la main droite, une boîte de cirage noir dans la main gauche, astiquait les pneus de sa voiture, la toilette touchait à sa fin, on en était au fignolage.

Soudain un idée lumineuse m’arriva à l’esprit. Si on envoyait le sergent D…habillé en tenue N° 1 faire le service du soir au mess officiers ? J’en fais part à Charly. Aussitôt, il lâche la brosse et la boîte de cirage, rentre en zone vie et se dirige vers le Tanoï (téléphone point à point). Je le suis et l’arrête dans son élan:
-Attends Charly, il faudrait peut être éloigner D…, le temps de la manip
-OK, t’as raison – et il crie:
-D…!
-Oui, mon Lieutenant?
-Prenez la 4L et allez me chercher un boîte d’allumettes au mess sous-off

La voie est libre, la manip se met en place. Charly pianote sur le Tanoï :
-OPO, j’écoute
-Chaminade?
-Oui c’est Chacha
-Ici Charly, on va monter une manip : tu vas nous téléphoner dans un quart d’heure et nous demander d’envoyer un sous-off en grande tenue pour faire le service au mess off à l’occasion d’une réception de réservistes
-OK, à tout à l’heure

Dix minutes se passent, le téléphone sonne. Je réponds. C’est l’O.P.O. qui demande Charly. Je lui passe:
-Dis-moi Charly, on pourrait faire mieux
-A savoir?
-Envoyer quelqu’un chez le commandant d’Escadre pour la même raison
-OK, ça baigne. Tu passes par le Tanoï dans dix minutes

Le sergent D…rentre du mess sans allumettes ni briquet:
-Y zon pu rien, mon Lieutenant
-Tant pis, je me servirai des plaques chauffantes électriques

Le TanoI grésille:
-H 24, j’écoute
-OPO – j’ai besoin d’un sous-off qui présente bien, en grande tenue avec des gants blancs, encore que les gants je peux les fournir. C’est pour une réception chez le commandant d’Escadre et tous les serveurs du mess sont occupés. On ne peut pas dire que cela me fasse rire mais il n’y a qu’à l’alerte que je puisse trouver quelqu’un. (Le Tanoï a l’avantage d’être entendu par tout le monde)
-On ne peut pas dire que ça nous fasse rire non plus ! Je n’ai personne à vous envoyer
-Vous êtes six avec Charly, on peut bien en sacrifier un
-Je ne peux pas envoyer le mécano avion, je ne peux pas envoyer l’armurier, je ne peux pas envoyer le soldat, il me reste le mécano équipement, Charly et moi, autant dire qu’à part le sergent D…, il n’y a rien
-Le sergent D…est célibataire, je crois ? Il habite sur la base, il a donc sa tenue prête. Alors qu’il passe à l’Escadre dans une heure. Je ferai une revue -OK

Charly et moi savourons la mine de D…
-Ça va pas mon lieutenant ? Qu’est-ce que je vais faire dans cette galère, chez un Colonel en plus, chez des gens que je ne connais pas! Pour servir qui? Et avec quoi?
-D…! Quand on est militaire on obéit, on se tait, on devrait déjà être en tenue. Prenez la 4L, allez chercher votre tenue et fissa!!...

D…disparaît. Enfin on a trouvé de quoi se distraire. Jubilation générale. D…revient en grande tenue. C’est lui qui maintenant tient en mains la brosse et le cirage ayant servi aux pneus de la voiture de Charly. Il cire ses pompes tout en se lamentant sur son infortune.
-Y’en avait qu’un, il a fallu que ce soit moi!

J’interviens:
-D…vous ne vous rendez pas compte de la chance que vous avez? Va sûrement y avoir de belles jeunes femmes, ça vous changera de la vôtre!

D…ne répond pas, il vit en concubinage avec une brave personne qui pourrait être sa mère. Je suis peut-être allé un peu loin, mais tout le monde éclate de rire. D…prend la 4L et s’en va chez le Colonel à la vieille ferme Caritat faire son service. Pas trop bien dans sa tête le sergent D…, il est parti vers une sacrée galère et ces deux connards à l’alerte, Colombe et De Bono, ils auraient pu refuser…Après tout on n’est pas là pour ça…Tempête sous un crâne !!! En fermant à clé la porte de la voiture, le sergent D…enfonce sa casquette et monte à l’échafaud.
Le commandant d’Escadre accueille le visiteur:
-Salut
-Mon Colonel, je viens pour le service
-Mais quel service?
-Eh bien tout le service, les apéritifs, les entrées, les plats, le dessert, le café, les digestifs, pour vos invités
-Mes invités ? Ah bon ! C’est bien ça ! Comment vous appelez-vous? D’où venez vous ?
-Sergent D…mon Colonel et je viens de l’alerte
-Combien d’années de service avez-vous?
-Cinq ans, mon Colonel
-OK, baron. Rentrez à l’alerte, je m’occupe du reste

Le sergent D…reprend la 4L et rentre à l’alerte avec la quasi-certitude de s’être fait piéger.
Zone d’alerte en H 24 – Le téléphone sonne. Charly décroche:
-Lieutenant De Bono
-Salut Baron, avec qui êtes-vous en alerte?
-Il y a Colombe et puis…
-Ca suffit, j’ai compris. Renvoyer-moi le sergent D..., il vous ramènera une bouteille de champagne
-Eh bien merci mon Colonel

Il nous a fallu beaucoup de persuasion et de diplomatie pour que D…aille chercher la dite bouteille.

Quelle dure journée !!!
Pierre Colombe
Ancien de l’Escadron de chasse 02.005 Ile de France

J’ai retrouvé 7 ans après le sergent D…; il était civil, avait pris 15 kg, était barbu pour compenserune grosse calvitie sansdoute consécutive àunaccidentde voiture. C’était sur la Base aérienne de METIGA, ilexerçait ses talents sur MirageV. (METIGA se trouve  à la sortie Est de TRIPOLI en AFRIQUE (TARABOULOUS en arabe).





Une superbe histoire d’aviateurs et d’hommes qu’il faut replacer dans soncontexte (désert libyen)

SAMY – Pilote de chasse


Samy est un pilote de chasse ayant été transformé en France quand son pays acheta des MIR F1. Il n’était pas le seul, il y avait entre autres Osman (né de père irlandais du Nord et de mère berbère) Belkacem (pur berbère) et un certain Djellal bien connu à la 30ème E.C. pour avoir brillamment rendu quelques services à certains barons de la 30 (ceci est une autre histoire).
Samy est français, né à Bordeaux au milieu des années 50. Son père, commerçant ayant perdu son épouse, a laissé ses trois enfants à sa soeur, est parti en Tunisie, s’est marié avec une tunisienne et est revenu exercer son commerce à Bordeaux. Aujourd’hui il a rejoint la Tunisie et il réside au Cap Bon.
Passé 18 ans et son bac en poche, Samy en vacances scolaire a voulu aller voir ses frères et faisant fi des conseils de son père, s’est vu retenu dès le premier contrôle de police à sa descente d’avion à l’aéroport. Mis d’office dans une école militaire sans savoir ni lire ni écrire un mot d’arabe, il en est sorti pilote de chasse.
Samy était plus qu’une relation de travail, c’était un ami avec qui j’ai volé sur MIR F1 B. Aujourd’hui, je l’ai perdu de vue. Il avait l’intention de rejoindre son amie qui lui a donné un fils et qui vit au Québec.
A partir de fin 1984, la Base aérienne avait en permanence 2 MR F 1 dans le grand sud à 680 NM de la base de soutien avec un personnel militaire réduit et rendant compte dès qu’un léger problème se présentait. Nous étions souvent sollicités afin de les aider et ils auraient aimé avoir quelques techniciens français sur place. Nous n’étions pas d’accord car la plage était trop loin. J’y suis allé une fois en ILIOUCHINE 72 afin de déposer le moteur objet de la suite de cette histoire. Arrivé un soir, la matinée du lendemain s’est passée à déposer le moteur cassé, poser un neuf, point fixe de contrôle et à 11 heures retour dans le nord.
En été, les vols ne se font que le matin et avant midi car il n’est pas rare que la température atteigne 50 voire 56° sous abri ce qui entraîne une moindre densité de l’air et donc des Vitesses SOL plus élevées ainsi qu’une diminution de la poussée et une gêne pour le personnel au sol car il est difficile de rester dehors plus de 5 à 6 minutes. On a très vite l’impression d’avoir la tête dans le four d’une cuisinière et la sensation d’une brûlure des yeux.
Donc dans le sud, Samy se programme un vol vers 09h00. A 08h45 il est au bureau de piste, il signe la forme en consultant ce qui s’est passé la veille: R.A.S.
L’avion est à 30 m du bureau. "Salamaleks" d’usage au mécano: "Ça va! Tes femmes vont bien? Les poules et les lapins aussi? Il fait beau aujourd’hui?" (On ne sait jamais quelques fois qu’il aurait neigé!).
Il dépose son casque au pied de l’échelle et commence le sacro saint tour avion suivi du mécano. Samy connaît très bien le personnel mécano. Il a une confiance limitée et de ce fait il regarde tout et même plusieurs fois. Le voilà au croupion; un oeil sur le parachute frein (il n’a pas du servir ni être démonté depuis sa visite de départ de France) un oeil dans le canal PC, les sondes T4 (1) la sonde à ions (2), les couronnes accroche flammes, la tuyère, les volets chauds et froids.
Le canal, la tuyère et les volets sont tapissés d’un produit ressemblant à de la sciure de bois avec quelques copeaux de couleur jaune ou rouge. Derrière, dans l’axe de l’avion, le sol en recèle une grande quantité.
-qu’est-ce cela mon cher maître, m’aurait dit un pilote que je connais bien
-Diable! Aurais-je répondu! Car c’est un mot de passe entre nous.
Là, le mécano ne sait rien, n’a rien vu, n’a rien fait.
Le pilote s’énerve:
-c’est quoi ce bordel ?
-c’est peut-être du sable
-du sable en copeaux? Tu te fous de moi!
-non, Allah est grand
-je sais, plus de deux mètres sans les talons
Samy n’a rien d’un musulman intégriste. Ce n’est pas un honnête whisky qui va l’arrêter. Il ordonne l’ouverture des trappes principales de train afin d’avoir accès par une petite porte à Noël 80 (micro turbo). Il passe une main qui se pose sur une tas de sciure et de copeaux en ressort une grosse poignée qu’il jette par terre, recommence l’opération et sent sous ses doigts les ailettes de la RM1 (3) dont les bords d’attaque lui semblent ébréchés avec de grosses bavures qui lui écorchent le bout des doigts. Il redescend.
-Alors c’est toujours rien! Ou du sable et tu as mis une échelle devant l’entrée d’air pour qu’il monte plus vite?
-Je ne sais pas
-Et mes doigts? C’est le sable qui m’a écorché?
-Faut pas toucher, ça coupe
-Je veux savoir ce que c’est, d’où ça vient, ce que tu as fais?
-C’est pas moi, c’est Ali qui a signé la PPV (4)
-Où il est?
-Il est parti chez lui, il était fatigué
-Oui, il était sûrement fatigué de s’entraîner à dormir
Samy ramasse son casque et traîne le mécano au bureau de piste ; là il explique le problème à un officier.
L’officier s’en va et reviens tout de suite avec à la main le CORAN.
Il s’adresse au mécano:
-Mets ta main droite sur le saint CORAN inimitable et jure sur Allah de dire la vérité
-Je le jure !
-Au nom d’Allah le miséricordieux que s’est-il passé ?
-J’ai fais une mise en route, Ali était au sol, le moteur avait trop de mal à démarrer. J’ai arrêté, j’ai attendu deux minutes et j’ai recommencé. Le moteur a démarré en broutant et le T4 a dépassé 1000°. J’ai tout coupé et le TAT (5) a fait 12 secondes, c’était bon parce qu’il s’est dépêché de s’arrêter. Je suis descendu et Ali m’a fait voir que le moteur avait mangé les caches d’entrée d’air en stratifiée avec les sangles et les crochets qui n’étaient pas en place. Ali a dit aussi qu’il y avait le feu au cul. On est allé voir mais il n’y avait plus rien.
-Et pourquoi vous n’avez rien dit ?
-On a cru que le pilote en démarrant allait s’apercevoir de quelque chose. Alors c’était lui le responsable

Avant dépose j’ai constaté beaucoup de métallisation dans le canal PC et sur les volets chauds de tuyère. Après dépose, la RM1 était un peu abîmée et la RM2 avait pris un coup de vieux. Le dernier étage turbine était mort. Au retour à El Watia, après ouverture du compresseur, dépose turbine et chambre de combustion, les dégâts étaient tels que le coût des réparations aurait dépassé la valeur du moteur. Je ne pense pas qu’après une mise en route si tant est qu’elle ait pu se faire ! la poussée eut été suffisante pour faire rouler l’avion.

Samy a eu une autre frayeur. Trois pilotes déjà s’étaient éjectés pour une même panne. Sans aucun signe précurseur, le tachy (6) dévissait lentement, gentiment et toute action sur la manette des gaz était inefficace, même le secours " panne d’huile " sollicité ne voulait plus rien savoir. On allait jusqu’à l’extinction, l’éjection, la perte du piège et personne n’allait récupérer les morceaux pour enquête.
J’avais dit à Samy au cas ou…en se posant sur une route, on aurait au moins la faculté de faire des investigations et d’en savoir plus.
Dans le sud les routes à deux voies ont la largeur d’une trois voies en France. Elles sont parfaitement bitumées et on enregistre guère plus d’un véhicule à l’heure ; d’autre part, il n’est pas rare de trouver 15 Kms de ligne droite voir 20 ou 30 ou plus.
C’est donc ce qu’a fait Samy un matin vers 10 h 00. ACONTUCOU dit-on Slats flaps (7) et aérofreins sortis, train aussi s’entend, parachute frein non utilisé. Après arrêt au milieu de la route, il a coupé la batterie, mis le parking et il est sorti de la cabine, a contourné le canopy, a suivi l’arête dorsale jusqu’à se laisser glisser sur un plan fixe arrière et de là rejoindre le sol.
Casque à la main, tranquille, il s’assoit par terre, à l’ombre, le dos appuyé sur les roues du train principal. Il a même mis les sécurités sièges.
Au travers des masses d’air surchauffées et qui ondulent sur le sable et le bitume, il aperçoit au loin un véhicule qui lui fait des appels de phare. C’est un camion, une calabrese qui date de l’occupation italienne et qui sert à transporter en principe des pierres en forme de parallélépipèdes rectangles sciées dans leur carrière d’extraction et servant à la construction de maisons individuelles. Ces camions roulent à 25 Kms/h perpétuellement en surcharge si bien que les amortisseurs arrière constitués d’un empilement de lames de ressort courbées vers le haut, le sont maintenant vers le bas même s’ils sont à vide.
Le camion s’arrête à 2 mètres du nez du F1. Le chauffeur descends furieux et demande à Samy de pousser son " engin " afin qu’il puisse passer car il n’a pas que cela à faire, le mois du Ramadan approche.
Réponse de Samy qui sait que le frein de parking est en place:
-Aide-moi à le pousser, je suis en panne et en plus fatigué
Le chauffeur s’épuise en vains efforts et finit par prendre la décision de contourner l’obstacle.
Nous avons récupéré cet avion et l’avons tracté jusqu’à la base, (150 Kms environ, 10 heures de route aller et retour). Le moteur a été démonté, envoyé en France, l’expertise a constaté le colmatage des filtres carburant du régulateur par de la poussière de sable (manque d’entretien des camions citernes de ravitaillement qui servent en même temps à la reprise de carburant dans les bacs de vidange). A nous revoir Samy même chez Allah pourquoi pas, dans son paradis où coulent le lait et le miel.

Pierre Colombe.
1. Sonde T4 : sondes thermiques situées après la turbine et qui renseignent sur la température du lieu: environ 750° sur F1. retour dans le texte
2. Sonde à ions : sonde qui lorsqu’elle détecte l’allumage post combustion, allume en cabine le voyant fonctionnement PC et coupe l’injection qui projette le pétrole enflammé des chambres de combustion vers les rampes PC à travers la turbine. Ne pas couper l’injection brûlerait la turbine. L’arrêt de l’injection est signalé en cabine. retour dans le texte
3 . RM1 : première rangée d’ailettes de rotor du compresseur axial. retour dans le texte
4. PPV : préparation pour le vol. retour dans le texte
5 . TAT : temps d’arrêt turbine (en principe 60 secondes si plus long cela peut indiquer de la casse, si plus court, quelque chose freine le moteur) retour dans le texte
6. Tachy : tachymètre : donne la vitesse de rotation d’un moteur en tours par minute. retour dans le texte
7. Slats flaps : becs et volets hypersustentateurs retour dans le texte
Hors texte :.Aucune sanction n’a été prise à l’encontre du ou des mécanos. Un sous-off ou un soldat puni d’un nombre X de jours de prison, bénéficie à sa sortie du trou d’un nombre égal de jours de permissions.













Une nouvelle piqûre de rappel du général Robineau toujours aussi percutante sous réserve que vous la lisiez. Permettez-moi d’enajouter deux.
Lors du concours de l’Ecole de l’air nous devions résoudre des problèmes de physique ou de math. Nos interrogations face à ces énoncés devaient trouver leurs solutions et nous résolvions ces problèmes (parfois!! sans faute). Aujourd’hui il suffit de solutionner les questions et de proposer une réponse à ce questionnement parfois mal rédigé…
J’en ai une autre qui a cours sur tous les écrans de TV:
METEO :Aujourd’hui la température est chaude demain elle sera plus froide au lieu de dire la température est élevée et demaine elle  baissera. Une température n’est pas chaude ou froide, ellle est.



     



Dans la continuité du N° 57 d’AP 5 New’s voici la présentation de deux
parrains de bases aérienne dont la fermeture est prononcée. Les lignes ci-dessous
sont empruntées au Général Lucien Robineau avec son autorisation.
J’espère que vous avez noté que sur la première page du journal on fait
référence à la Base Aérienne deSeynes et non à la BA115.

Le vrai tombeau des morts

Le vrai tombeau des morts
c’est le coeur des vivants.
Jean Cocteau.

Nellis Air Force Base (où l’on va pour RedFlag) est la base aérienne de Las Vegas. Luke Air Force Base (où de nombreux pilotes français ont appris le tir aérien) est celle de Phoenix. Nellis et Luke ne sont pas des noms de lieux. Ce sont ceux du lieutenant William Harell Nellis, pilote de P-47 abattu le 27 décembre 1944 dans les Ardennes, et du lieutenant Frank Luke Jr., 2ème as américain de la Première Guerre, tombé près de Verdun le 29 septembre 1918. Morts, en somme, l’un et l’autre, pour la France.
Nous parlons beaucoup du devoir de mémoire. Moins attentifs que les Américains à l’observer, nous avons aussi donné des noms de héros disparus à nos bases, mais nous les désignons par des numéros. À cause de Descartes, l’armée de l’Air va fermer les platesformes «101» à Toulouse et «132» à Colmar sans savoir qui étaient Lionel de Marmier et  René Pépin. Voici:
 

Lionel de MARMIER . Officier aviateur, as de guerre (6 victoires pendant la Première Guerre mondiale et 3 lors de la Seconde), FAFL. 4.12.1897,Belllegarde-en-Marche(Creuse)– 30.12.1944,enMéditerranée. Arts et Métiers-1914. Pilote de chasse dès juillet 1916 (SPA 105, 110, 112, 176). Dans l’entre-deux-guerres, ouvre les liaisons commerciales Paris-Bucarest et Paris-Varsovie à la Compagnie Franco-Roumaine, est pilote d’essais chez Potez où il établit 9 records mondiaux de distance. Pilote à l’Aéropostale, puis chef pilote d’essais à Air France. Prend part à la guerre d’Espagne avec les Républicains (1936-38). Commandant en 1939, mobilisé à la tête du groupe de chasse polonais 1/145, passe en Angleterre le 27 juin 1940, premier officier supérieur à rejoindre la France libre. Créateur (1-8-1940) du 1st Fighter Group (futur Groupe Lorraine), de l’escadrille de bombardement n°2 (sept.41) et des Lignes aériennes militaires (LAM) des FFL (sept.1941). Disparaît1 en Méditerranée à bord d’un Lockheed Loadstar des TAM2. Colonel en mars 1942, général à titre rétroactif après sa mort. Son nom sera donné en 1945 à l’hydravion géant Laté-631-02 F-BANT, puis à la base aérienne de Toulouse-Francazal. Le 1er juillet 2011, la promotion 2010 de l’École de l’Air prend pour nom de tradition Promotion Général Lionel de Marmier.
1 Trois jours après le lieutenant William Nellis.
2 Transports aériens militaires, nouveau nom des LAM.
En savoir plus: CLIC &
L’école des Officiers de l’Air à Salon  http://ecole-air.fr/2011/07/le-bapteme-des-promotions-2010




René PÉPIN . Officier pilote. 7.4.1905,Cherbourg(Manche) –15.6.1940,Hûmes,Haute-Marne. Cyr-1926 (26ème/319), opte pour l’aviation et passe par l’École militaire et d’application de l’aéronautique (Versailles, 1928-29), observateur en avion et en ballon, pilote d’avion (oct.1929), affecté au groupe de chasse du 34ème Régiment d’aviation (Le Bourget), puis à la 1ère escadre de chasse (Villacoublay). Fondateur et premier commandant du Cercle de chasse de Paris (futur Escadron II/10 Seine). Germaniste et spécialiste du renseignement, est détaché au 2ème bureau du ministère de la Guerre de 1937 à mai 1940. Promu commandant le 15.3.1940, est brièvement pilote du général Weygand en mai 1940,
puis est affecté le 22 mai au GC II/7 en qualité de commandant en second. Il y supervise la transformation du groupe sur D-520 et accomplit 20 missions de guerre en 15 jours, remportant 2 victoires homologuées. Disparaît en combat près de Langres le 15 juin 1940, au cours d’une mission de reconnaissance exécutée en solitaire, pris à partie par une
patrouille de Me-109. Son nom sera donné en 1963 à la base aérienne de Colmar-Meyenheim.





Nous vous informons du décès d’un membre de l' AP 5, M. André Decarrière. La cérémonie a eu lieu le jeudi 16 août.
Nous avons également perdu Ernest Latil. Les Obsèques ont eu lieu le 27 octobre 2012.
Ernest (Nenèsse pour les copains) a été un des piliers du 2/5 dans les années 50/60. Son apparent mauvais caractère cachait un sens de l’amitié puissant et de superbes qualités humaines. Pilote de chasse très doué, il avait participé à de nombreuses missions délicates, à la coupe Comète (deux fois), à la coupe CAFDA et au concours AirCent. La mission d’assaut de la première coupe Comète a été racontée dans le premier N° d’AP 5 New’s. Je la reprendrai dans le prochain numéro.
Ensuite Ernest a poursuivi sa carrière dans l’aviation civile jusqu'à sa limite d’âge et il y a quelques années encore il volait régulièrement en parapente.




Le concours AirCent

La coupe AirCent (en 1959) était une coupe de Défense Aérienne entre les escadres de l’Otan. Il y avait deux épreuves, un tir Air Air, une interception suivie d’évolutions en poursuite où il fallait maintenir le point sur le plastron.
L’escadre devait être sélectionnée après une période de trois mois à Cazaux. Cambrai (la 12) a été éliminé, Creil (la 10) avec un pilote et la « 5 » avec l’équipe de choc ont acquis leur présélection.
Sur la photo dans l’ordre Ayrinhac 1/5, Latil 2/5, Drapier Ops, Magier 2/10 (remplaçant) et Risch 2/5.
Cette sélection était suivie d’un entrainement intensif de trois mois à Cazaux.
Aux résultats la «5» n’a pas été première, mais elle a été la meilleure des escadres françaises et n’a pas été dernière et de beaucoup.




Le Général d'armée aérienne Jean-Claude LARTIGAU -Président de l’AP5 -Signé : J.C. Lartigau,


Bulletin de liaison de l’Association des personnels de la « 5 » – N° 58 nov  2012