Dans le N° 194 du Piège Anfré Mérola a publié un article plein d’humour
et un peu amer sur les relations entre l’Armée de l’Air et l’Aéronavale, Rien qui méritait
une réponse. Cependant Bernard Huygues Beaufond (Ecole Navale 80) a réagit
et dans le N° 195 du Piège, il a accusé A Mérola d’entretenir la guerre
des boutons faisant ainsi à l’Armée de l’Air un procès d’intention injustifié..
Cette réponse m’a
paru totalement infondée, très loin de l’esprit interarmées qui doit régner
et j’ai souhaité répondre dans le courrier des lecteurs du Piège N°196.
A ma grande surprise, la veille de la parution du journal notre Président
m’a envoyé un mail pour me dire qu’il me censurait, m’enlevant par ce
courrier tardif la possibilité de m’expliquer.
J’ai donc tenté de faire paraître mon »courrier des lecteurs »
dans le journal de l’École navale, la Baille. Les Marins ont, poliment
et avec courtoisie, refusé de publier.
Je ne ferais pas de polémique sur ces attitudes. Je constate seulement
qu’il vaut mieux être Marins pour attaquer l’Armée de l’Air dans le Piège, que
d’être Aviateur pour la défendre.
Vous pourrez cependant lire l’article censuré sur le site de l’AP 5.
JC Lartigau
Courrier des lecteurs
Je suis toujours étonné
par les accusations de guerre des boutons que les autres armées
portent à l’encontre de l’Armée de l’Air. L’article de notre
ami Bernard Huygues Beaufond (EN 80) dans le numéro 195 du Piège en
est un excellent exemple :
En effet que reproche-t-il à l’ami Merola ?
Où y a-t-il une attaque de bas étage ? Dire que l’Armée de l’air est prompte à obéir aux directives ministérielles, est-ce une attaque contre la Marine ou l’Armée de Terre ? Est-ce un procès d’intention.
Le livre blanc demande
de rapprocher les structures Air des structures de l‘Aviation Maritime,
et dans un esprit interarmées, A Mérola propose une association de
l’Armée de l’Air et de l’Aviation Maritime, ou chacun conserve
ses spécificités, mais ou la désignation de l’entité nouvelle
fait une part égale à chacun, dans trois propositions où l’humour
apparaît clairement.
Est-ce une déclaration
de guerre des boutons ou une prise en compte raisonnable d’une situation
réelle, motivée par les orientations du livre blanc une nécessaire
rationalisation des moyens dans une logique de milieu irréfutable ?
Si guerre des boutons
il y a je noterai sans acrimonie mais avec réalisme les procès d’intention
de certains membres de l’Armée de Terre sur les interventions pourtant
décisives des Caracal de l’Armée de l’Air en Afghanistan. Il faut
noter que leur action a été critiquée au prétexte qu’ils n’ont
pu intervenir avant que la mission au profit du président Karzai
ne soit terminée. Or cette dernière mission n’était pas le
fait de l’Armée de l’Air mais celle du COM Théâtre (rendons à
César ce qui lui appartient…). Et l’action des Caracal de l’Armée
de l’Air sous le feu des talibans est passée sous silence et pourtant !…Je
n’irai pas plus loin dans la polémique. Elle est misérable.
Mais si on doit parler
d’esprit interarmées, plus intéressante est la répartition des
agrégats budgétaires décidée par l’EMA dans les années 92/93.
En effet à cette époque furent créés des agrégats budgétaires
dans lesquels tous les crédits attachés à une capacité majeure de
la défense étaient rassemblés. Outre le Renseignement et l’Espace,
le Nucléaire, la Sécurité et le Soutien et enfin la Préparation
de l’avenir, les agrégats Aéroterrestres et Aéromaritimes firent
leur apparition réduisant ainsi la composante aérienne a deux ensembles
aériens l’un indissociable de la Marine (l’aviation Maritime
je pense) l’autre indissociable de l’Armée de Terre (l’Armée
de l’Air ??) Cette guerre des boutons là me parait d’une autre
portée que les phrases divertissantes d’André Mérola. Heureusement
tout cela a été balayé et n’en déplaise à certains on parle aujourd’hui
dans une optique de combat moderne et réaliste de forces de surface
(Terre et Mer chacune dans son milieu d’action) et de forces Aérospatiales.
Et pourtant, encore récemment, la Marine en particulier, s’accroche
à la notion d’aéroterrestre et d’aéromaritime. Mieux pour se
persuader de son bon droit elle l’écrit dans une lettre adressée
au CEMA!! Et elle estime en effet que l’Aviation Navale (sic pour
ce néologisme) est seule capable d’agir dans les espaces aéromaritimes.
Mieux encore, certains, qui n’ont pas étudié le déroulement de
la bataille de Midway (en dépit du fait qu’il y a peu de chance qu’elle
se reproduise) et dont l’archaïsme interpelle, disent sans sourciller
que l’obtention de la maîtrise de l’air dans un combat moderne
n’est pas indispensable à la liberté d’action de nos forces…Est-ce
bien convenable et responsable?
Pour montrer cette volonté
de réduire l’Armée de l’Air, plus significatif encore est ce que
me dit ce jeune Capitaine de Vaisseau, au cours d’un échange courtois,
dans une réunion ou rien ne laissait craindre une telle charge et une
telle violence je cite » je ne vois pas pourquoi on a créé une Armée
de l’Air car la Marine et l’Armée de Terre sont capables d’assurer
toutes les missions Aériennes et les missions de Surface ».
Non mes amis nous ne
rêvons pas nous sommes en 2009 et nous entendons encore et toujours
les mêmes arguments bornés que ceux des années 20 quand nos « amis »
des autres armées ne voulaient pas voir émerger une concurrente ( ???)
et refusaient la création d’une Armée de l’Air.
Alors soyons raisonnables
car c’est dans l’Armée de l’Air que l’on trouve le personnel
le plus interarmées, du haut en bas de la hiérarchie Mais c’est
aussi dans cette armée que l’on trouve les hommes les plus naïfs
au sens noble du terme : ils ont confiance, ils croient en la bonne foi
des autres armées et ne peuvent imaginer qu’il en soit autrement.
Au risque de choquer,
continuons dans cette voie. Soyons des naïfs conscients des réalités,
des naïfs agressifs si on attaque gratuitement l’Armée de l’Air,
car nous savons depuis longtemps que nous sommes incontournables et
que rien ne pourra être engagé et résolu dans un combat moderne sans
avoir eu recours à la troisième dimension dans une logique de milieu.
Il en est ainsi depuis 60 ans, depuis que l’Armée de l’Air est
en première ligne, dans chaque nouvelle crise ou guerre, que ce soit
lors d’interventions armées ou encore d’interventions de soutien.