Courrier des lecteurs     avril 2009  

 
Dans le N° 194 du Piège Anfré Mérola a publié un article plein d’humour et un peu amer sur les relations entre l’Armée de l’Air et l’Aéronavale, Rien qui méritait une réponse. Cependant Bernard Huygues Beaufond (Ecole Navale 80) a réagit et dans le N° 195 du Piège, il a accusé A Mérola d’entretenir la guerre des boutons faisant ainsi à l’Armée de l’Air un procès d’intention injustifié.. 

Cette réponse m’a paru totalement infondée, très loin de l’esprit interarmées qui doit régner et j’ai souhaité répondre dans le courrier des lecteurs du Piège N°196. 
A ma grande surprise, la veille de la parution du journal notre Président m’a envoyé un mail pour me dire qu’il me censurait, m’enlevant par ce courrier tardif la possibilité de m’expliquer. 
J’ai donc tenté de faire paraître mon »courrier des lecteurs » dans le journal de l’École navale, la Baille. Les Marins ont, poliment  et avec courtoisie, refusé de publier. 
Je ne ferais pas de polémique sur ces attitudes. Je constate seulement qu’il vaut mieux être Marins pour attaquer l’Armée de l’Air dans le Piège, que d’être Aviateur pour la défendre.  
Vous pourrez cependant lire l’article censuré sur le site de l’AP 5. 

JC Lartigau

Courrier des lecteurs

Je suis toujours étonné par les accusations de guerre des boutons que les autres armées portent à l’encontre de l’Armée de l’Air. L’article de notre ami Bernard Huygues Beaufond (EN 80) dans le numéro 195 du Piège en est un excellent exemple :

En effet que reproche-t-il à l’ami Merola ?

Où y a-t-il une attaque de bas étage ? Dire que l’Armée de l’air est prompte à obéir aux directives ministérielles, est-ce une attaque contre la Marine ou l’Armée de Terre ? Est-ce un procès d’intention.

Le livre blanc demande de rapprocher les structures Air des structures de l‘Aviation Maritime, et dans un esprit interarmées, A Mérola propose une association de l’Armée de l’Air et de l’Aviation Maritime, ou chacun conserve ses spécificités, mais ou la désignation de l’entité nouvelle fait une part égale à chacun, dans trois propositions où l’humour apparaît clairement.

Est-ce une déclaration de guerre des boutons ou une prise en compte raisonnable d’une situation réelle, motivée par les orientations du livre blanc une nécessaire rationalisation des moyens dans une logique de milieu irréfutable ?

Si guerre des boutons il y a je noterai sans acrimonie mais avec réalisme les procès d’intention de certains membres de l’Armée de Terre sur les interventions pourtant décisives des Caracal de l’Armée de l’Air en Afghanistan. Il faut noter que leur action a été critiquée au prétexte qu’ils n’ont pu intervenir avant que la mission au profit du président Karzai ne soit terminée. Or cette dernière mission n’était pas le fait de l’Armée de l’Air mais celle du COM Théâtre (rendons à César ce qui lui appartient…). Et l’action des Caracal de l’Armée de l’Air sous le feu des talibans est passée sous silence et pourtant !…Je n’irai pas plus loin dans la polémique. Elle est misérable.

Mais si on doit parler d’esprit interarmées, plus intéressante est la répartition des agrégats budgétaires décidée par l’EMA dans les années 92/93. En effet à cette époque furent créés des agrégats budgétaires dans lesquels tous les crédits attachés à une capacité majeure de la défense étaient rassemblés. Outre le Renseignement et l’Espace, le Nucléaire, la Sécurité et le Soutien et enfin la Préparation de l’avenir, les agrégats Aéroterrestres et Aéromaritimes firent leur apparition réduisant ainsi la composante aérienne a deux ensembles aériens l’un indissociable de la Marine (l’aviation Maritime je pense) l’autre indissociable de l’Armée de Terre (l’Armée de l’Air ??) Cette guerre des boutons là me parait d’une autre portée que les phrases divertissantes d’André Mérola. Heureusement tout cela a été balayé et n’en déplaise à certains on parle aujourd’hui dans une optique de combat moderne et réaliste de forces de surface (Terre et Mer chacune dans son milieu d’action) et de forces Aérospatiales. Et pourtant, encore récemment, la Marine en particulier, s’accroche à la notion d’aéroterrestre et d’aéromaritime. Mieux pour se persuader de son bon droit elle l’écrit dans une lettre adressée au CEMA!! Et elle estime en effet que l’Aviation Navale (sic pour ce néologisme) est seule capable d’agir dans les espaces aéromaritimes. Mieux encore, certains, qui n’ont pas étudié le déroulement de la bataille de Midway (en dépit du fait qu’il y a peu de chance qu’elle se reproduise) et dont l’archaïsme interpelle, disent sans sourciller que l’obtention de la maîtrise de l’air dans un combat moderne n’est pas indispensable à la liberté d’action de nos forces…Est-ce bien convenable et responsable?

Pour montrer cette volonté de réduire l’Armée de l’Air, plus significatif encore est ce que me dit ce jeune Capitaine de Vaisseau, au cours d’un échange courtois, dans une réunion ou rien ne laissait craindre une telle charge et une telle violence je cite » je ne vois pas pourquoi on a créé une Armée de l’Air car la Marine et l’Armée de Terre sont capables d’assurer toutes les missions Aériennes et les missions de Surface ».

Non mes amis nous ne rêvons pas nous sommes en 2009 et nous entendons encore et toujours les mêmes arguments bornés que ceux des années 20 quand nos « amis » des autres armées ne voulaient pas voir émerger une concurrente ( ???) et refusaient la création d’une Armée de l’Air.

Alors soyons raisonnables car c’est dans l’Armée de l’Air que l’on trouve le personnel le plus interarmées, du haut en bas de la hiérarchie Mais c’est aussi dans cette armée que l’on trouve les hommes les plus naïfs au sens noble du terme : ils ont confiance, ils croient en la bonne foi des autres armées et ne peuvent imaginer qu’il en soit autrement.

Au risque de choquer, continuons dans cette voie. Soyons des naïfs conscients des réalités, des naïfs agressifs si on attaque gratuitement l’Armée de l’Air, car nous savons depuis longtemps que nous sommes incontournables et que rien ne pourra être engagé et résolu dans un combat moderne sans avoir eu recours à la troisième dimension dans une logique de milieu. Il en est ainsi depuis 60 ans, depuis que l’Armée de l’Air est en première ligne, dans chaque nouvelle crise ou guerre, que ce soit lors d’interventions armées ou encore d’interventions de soutien.

J C Lartigau