Email Info Numéro 34
Orange fin juin 2017



En octobre 1950 le commandement français en Indochine décide l’évacuation de Cao bang petite agglomération sur la RC 4 au nord du Tonkin. Attaquée de toutes parts  la colonne de Cao Bang et la colonne de recueil font face à des combats d’une rare violence. Le bilan sera lourd des milliers de morts, de prisonniers et la fine fleur de l’armée française anéantie.


Dans ce désastre, voici le récit du capitaine Faulques, un légionnaire du PEG dont le sacrifice à permis de forcer le verrou de la source qui retenait la colonne d’évacuation de Cao Bang.


Le combat de la Source

Le 7 octobre : ... Le capitaine Jeanpierre engage alors le PEG à la gauche de la 2e compagnie. Dans l'obscurité, Pellerat de Borde me dit : - "Je marche avec toi au cas où il t'arriverait quelque chose". Et le PEG, au coude à coude, s'élance sur la pente, accueilli par un feu terrible. On se fusille à bout portant, tirant sur les lueurs des armes viets. Les pertes sont très élevées, chaque mètre conquis coûte un homme. Savella atteint la source, la dépasse de quelques mètres, mais son groupe a déjà perdu une douzaine d'hommes. Fejes et Vraux insistent au centre, mais les effectifs fondent et les deux sous-officiers prennent chacun le fusil-mitrailleur de leur groupe, tandis que Lecomte sur la gauche, presque au pied du calcaire d'où pleuvent les grenades et de longues rafales de P.M, parvient à progresser.

En cinq minutes, le PEG a perdu plus de la moitié de son effectif, mais les survivants, enragés, continuent leur action. C'est une fournaise, les balles claquent de partout. Une m'a déjà touché au coude gauche, une autre traverse la cuisse droite, sans dégât (!!!). Nous sentons que nos efforts vont enfin ouvrir la voie, mais Lecomte, que je relance, m'annonce qu'il n'y a plus personne debout. Fejes est tué devant moi. Pellerat de Borde derrière moi. Vraux et Savella sont blessés, mais continuent à se battre. Une décharge électrique me secoue et je m'abats sur le sol, la cuisse gauche fracassée. Le caporal Carta m'adosse à un tronc d'arbre. Il fait encore nuit, mais le brouillard se dissipe et le jour ne va pas tarder. Une autre balle me frappe à l'épaule droite. Et presque miraculeusement, le feu V.M s'est éteint, seuls quelques coups isolés retentissent encore...

Faulques sera découvert par le Viêt-minh. Considéré comme perdu, il est remis aux Français, et pourra être ainsi évacué.

Le 8 mai 1954 le camp retranché de Dien Bien Phu tombait aux mains des viets. Le général Caubel raconte la mission sur DBP en B 26 ou il a été abattu par la Flack Viet.

Arrivé sur la cuvette, je prends l'axe de bombardement au-dessus de ce qui reste du point d'appui "Isabelle", tout au sud du dispositif, à 11 000 pieds (près de 3500 mètres). Notre objectif est une position de D.C.A. viet, camouflée dans la forêt sur la "côte 781", un piton au nord-est du camp retranché.

La course de bombardement pendant lequel se faisait la visée, le "run" dans notre jargon, était toujours une affaire délicate. C'est au cours de ce "run", alors que le ciel commence à s'obscurcir à l'approche de la nuit, que Baujard m'annonce calmement : "- Tu sais, on se fait "vachement" tirer !" Dans ces dernières secondes de visée il est trop tard pour faire une "évasive" sans compromettre définitivement la visée. "- Au même instant, nous sommes littéralement encadrés par un véritable feu d'artifice. Les traçantes nous entourent par dizaines. Un grand "flak" m'apprend que nous sommes touchés, puis une grosse lueur sur le côté m'indique que le moteur droit est en feu. Procédure d' "extinction moteur", "passage en drapeau" de l'hélice, rien n'y fait... Le moteur, sans doute touché en arrière de la cloison pare-feu, là où convergent toutes les canalisations d'essence et d'huile, continue à brûler avec rage. Dans quelques secondes l'aile va casser. Il ne reste plus qu'à évacuer l'avion !

Malgré le confort de la descente en parachute, le sol maintenant se rapproche à toute vitesse. J'ai la chance de m'affaler sur une légère pente qui amortit sensiblement ma chute. Je suis arrivé, il fait pratiquement nuit. Je suis seul dans cette brousse montagneuse de la Haute Région. Les deux autres ont dû tomber un peu plus loin. Je m'aperçois que j'ai mal au genou, le choc contre l'habitacle en quittant l'avion.

Deux dates, deux témoignages pour marquer cette guerre d’Indochine  avec ses 100.000 morts, ses 76000 blessés et plus 40000 prisonniers. Sans oublier le désintérêt de la France pour ce combat à 10000 km, et entre autre, les campagnes de communication pour combattre les dons du sang au profit des militaires engagés et les sabotages des matériels militaires au départ de la France !!!

Memento Semper

Les accords franco-vietnamiens du 2 août 1986 prévoyaient le rapatriement en France de 27 000 corps de militaires et de civils. La ville de Fréjus se proposa d'accueillir le mémorial des guerres en Indochine sur le site de l'ancien camp militaire Galliéni. Le mémorial fut inauguré le 16 février 1993 par François Mitterrand, président de la République française.

Le 8 juin 2005 était institué la journée nationale d’hommage aux morts pour la France en Indochine,

En 2017 on n’a aucun souvenir, on n’a aucune pensée pour les 200000 français morts ou meurtris dans leur chair aux ordres des politiques de la quatrième république.

En 2017  pour ce 8 juin aucune manifestation de niveau national n’a été organisée, aucune communication officielle de haut niveau, aucun éditorial n’a été publié, rien, rien. Il était surement plus porteur de ne parler que des scandales politiques, des prébendes à conquérir et des opérations de transparence!!!.


Alors relisons Charles Péguy

Heureux ceux qui sont morts

Pour la terre charnelle.

Mais pourvu que ce fut

Dans une juste guerre.


Heureux ceux qui sont morts

Pour quatre coins de terre.

Heureux ceux qui sont morts

D'une mort solennelle

.

Heureux ceux qui sont morts

Dans les grandes batailles.

Couchés dessus le sol

A la face de Dieu.