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              Numéro 14     Orange le 8 novembre 2013



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   Aujourd’hui je vais évoquer la Loi de Programmation Militaire, quelques autres sujets sur l’évolution de nos moyens et encore une décision parfaite de notre CEMAA qui décidément bouscule 20 ans d’immobilisme et de velléité.
   Je vous ai déjà parlé de Louvois, cette monstruosité technocratique issue de la réflexion autorisée et sans limite des contrôleurs généraux du Ministère de la Défense. Le Contrôleur général des armées Jacques Feytis, directeur des ressources humaines du ministère de la Défense, n’a pas manqué d’être interrogé par la commission de la Défense et des Forces armées sur les dysfonctionnements causés par Louvois. Dysfonctionnements dont les responsables, comme le soulignait un récent rapport parlementaire, bénéficient d’une
certaine “impunité”
  
Le système d’information Louvois, je l’avoue, a subi peu d’évolutions matérielles même si plusieurs changements de version ont été incrémentés. En revanche nos équipes techniques ont été renforcées. C’est un système que nous avons développé nous-mêmes, il a donc été conçu avec des logiques un peu anciennes et, qui plus est, il n’est pas documenté, si bien que les 25 techniciens supplémentaires doivent entrer dans le système pour bien le comprendre!”, a commencé par expliquer Jacques Feytis. !! Merci pour les responsabilités !!!
   Nous avons eu Louvois, maintenant nous avons les BDD. Cette idée de Base De Défense a été initiée par les mêmes contrôleurs généraux dans leur grande logique de l’interramisation des supports qu’ils mettent en avant depuis au moins 30 ans. Pendant 30 ans les ministres ont reculés, les militaires ont refusé, mais un jour est arrivé le ministre Morin et sa puissance de réflexion. Le résultat est là. Monsieur Le Drian est contraint de rajouter des millions d’euros pour permettre aux BDD de finir l’année tout en annonçant les fermetures d’installations militaires pendant les fêtes de fin d’année pour faire des économies. Non seulement les BDD sont plus couteuses et moins efficaces que l’organisation précédente, mais nous sommes dans la logique dangereuse de privilégier les métiers plutôt que la mission comme en 1870.
   Autre conséquence perverse, dans les réductions d’effectif, notre CEMAA ne peut pas jouer sur les aviateurs détachés dans les unités du soutien interarmées !!!
   C’est mieux qu’UBU Roi. Qui aura le courage de revenir en arrière ou au moins de créer des BDD monocolores comme les marins l’ont fait sans le dire ?

La loi de Programmation Militaire 2014/2019
   Il a été dit que la loi de programmation militaire annonçait la dégradation de notre outil de défense. C’est vrai qu’elle ne nous porte pas à l’optimisme, bien au contraire, mais il faut cependant la regarder de plus près pour porter un jugement sur les réelles dégradations qu’elle entraine.
   Pour l’Armée de l’Air c’est un cataclysme : non content de réduire les objectifs du livre blanc sur la flotte des avions de chasse à 180 avions (245 en 2008 !!!), la LPM n’envisage la livraison que de 22 Rafale sur la période 2014/2019 auxquels il faut ajouter 15 A400M Atlas (ce qui demandera de prolonger 14 Transall C-160) et de seulement 2 avions ravitailleurs MRTT sur les 12 prévus. Les restrictions sont telles que le CEMAA prévoit un entrainement différencié pour les pilotes. Une élite volera sur Rafale les autres feront 40 heures sur cet avion et le reliquat des heures annuelles seront faite sur une trapanelle qui aura un tableau de bord similaire à celui du rafale !!! Voilà où nous en sommes.
   Quant aux autres armées elles sont beaucoup mieux traitées. Réduction soit, mais pas dans les mêmes proportions que l’Armée de l’air. Sur la période 2008-2019, les armées auront perdu 80 000 hommes, un quart de leurs effectifs ; c'est considérable mais l’AAir a perdu 65% de ses moyens de combat. 
   L’armée de Terre voit sa cible de Tigre réduite mais il y aura 60 tigre en 2019. En complément des 26 Cougar rénovés et des Caracal, l’Alat va recevoir 38 NH 90 avant 2019 sur une cible de 68… soit 140 hélicoptères de reconnaissance et d’attaque, 115 hélicoptères de manœuvre (il n’est pas envisagé de créer dans l’ALAT un entrainement différencié !) une trentaine de drones tactiques et la rénovation complète des forces de manoeuvre qui disposeront en 2025 d’environ 200 chars lourds, 250 chars médians, 2 700 véhicules blindés multi rôles et de combat. 
   Quant à la Marine c’est en augmentation du tonnage total qu’il convient de parler et elle prend un sacré embonpoint ! En pleine guerre froide, en 1980, la Marine "pesait" 93 000 tonnes ; en 2020 elle atteindra les 220 000 tonnes, laissant loin derrière la Royal Navy ! Et on parle toujours de la ZEE française qui est le prétexte de cet embonpoint. Dans le Pacifique, qui représente 80% de la ZEE française, ce qui correspond à une surface deux fois plus importante que celle de l’Union européenne est-il raisonnable de mettre en place une force navale à cette échelle et face à quel ennemi ??
  
Merci monsieur le Ministre, la Marine et vos électeurs bretons sont satisfaits.

Toujours dans la LPM nous pouvons aborder le problème des effectifs, de l’encadrement et des rémunérations. 
  
Grâce à la LPM les armées vont assumer 60% des suppressions de postes de fonctionnaires prévus au budget 2014, alors qu'elles ne représentent que 10% des emplois publics de l'Etat.
   L’encadrement de haut niveau des armées est dramatiquement faible en comparaison de l’encadrement de la fonction publique civile, Une situation qui divergera encore plus grâce au « repyramidage » que la LPM officialise.
   Les cadres de haut niveau sont classés dans la catégorie A+, pour les militaires nous y trouvons les officiers généraux des trois armées et des organismes interarmées (377 généraux), de la délégation générale pour l’armement (DGA) (111 ingénieurs généraux) et du contrôle général des armées (CGA) (50 contrôleurs généraux) soit un total de 538 A+, auxquels s’ajoute un contingent restreint de colonels terminant leur carrière en hors échelle lettre. L’ensemble représentait un total de 921 titulaires en janvier 2013 (CC-2013), soit, ramené à la population totale de militaires, un taux de
0,41 %.
   Pour les agents civils de l’État, cette catégorie représente 84 600 titulaires pour 1 665 450 agents, soit
5,1 % des effectifs de la fonction publique civile d’État (PLF 2012, pp. 157-175).
   Deux horizons se dévoilent ainsi dans les discours.
   Pour l’un, parlant de la fonction publique, « 
Le contexte est difficile. Et les marges de manœuvre sont étroites. La situation financière de la France est une contrainte. Mais elle ne doit pas être un obstacle. Ni à l’évolution de notre fonction publique, ni à l’amélioration de la situation des agents » ce qui conduit à affirmer : «Notre volonté est une volonté de renforcement de la fonction publique en même temps qu’une volonté d’amélioration de la situation des agents». dixit madame M Lebranchu Ministre de la réforme de l’État, de la décentralisation et de la fonction publique.
   Pour l’autre, parlant des militaires, si le postulat semble identique : «
Dans un contexte de forte contrainte budgétaire […]», les conclusions en sont radicalement différentes «économies sur le fonctionnement, économies aussi sur la masse salariale ». Dixit Y Le Drian notre ministre !!!

Dernier avatar, on s’attaque à la retraite des anciens combattants
   La Retraite Mutualiste du Combattant, institué au lendemain de la Première Guerre Mondiale, sera réduite de 20% par
le décret  n° 2013-853 publié au Journal Officiel du 26 septembre… Doit-on dire merci ?

Enfin deux bonnes nouvelles

  • L’équipe de voltige de l’armée de l’air était présente cette année aux 27ème world aerobatic championship, championnats du monde de voltige, qui se sont déroulés au Texas du 9 au 20 octobre. Les capitaines Le Vot, Rallet et Varloteaux représentaient ainsi la France aux commandes de leur Extra 330. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le succès a été au rendez-vous : Le capitaine François Le Vot a terminé sur la première marche du podium à l’issue des épreuves individuelles. Avec le capitaine François Rallet, c’est une première place que les deux pilotes de voltige se sont offert concernant l’épreuve par équipe. L’EVAA est ainsi championne du monde en individuel et par équipe.

  • Le CEMAA qui poursuit avec volonté et détermination la remise à niveau de l’AAir a décidé de repousser de deux ans l’entrée des jeunes officiers à l’Ecole de Guerre afin de prolonger leur séjour en unités aériennes Bravo c’est une mesure de bon sens que nous attendions. Pour mémoire cette mesure avait été décidée dans les années 93 en même temps que la suppression du niveau escadre. !!! Encore un effort et on aura éradiqué le passé.

Connaissez-vous l’ASAF ? C’est l’Association de Soutien à l’Armée Française.
   Cette association défend la place des armées au sein de notre nation (
www.asafrance.fr) . Elle publie un journal très intéressant « Engagement ». On y trouve, généralement dans la rubrique "Libres Propos", des articles très documentés mais on peut lire aussi des attaques insupportables contre l’AAir comme celles du général Desportes (2S) qui souhaite l’abandon de la Composante aéroportée au prétexte que son efficacité est d’un caractère gentiment irréaliste (sic), qu’elle coute chère, qu’il faut la moderniser tout en oubliant de préciser que les mêmes avions (dieu sait si ils sont peu nombreux, confer supra) assurent outre les missions nucléaires toutes les autres missions de combat de l’AAir.
   Alors mon général à trop vouloir prouver dans un mauvais combat….
   Nous pourrions vous emboiter le pas sur l’utilité de certaines composantes de votre armée d’origine, mais comme dit notre Premier Ministre sur un autre sujet ce serait aussi « minable » que ce que vous dites sur l’AAir.
   On trouve aussi dans le même numéro une approche des dépenses liées au nucléaire aujourd’hui et à échéance de 2030 ou la présentation est intelligemment biaisée pour mettre sur le même pied les dépenses nucléaires Marine et Air. Ces pratiques rappellent certaines, en cours à l’EMA il y a plus de deux dizaines d’années, qui consistaient à placer en hypothèses les conclusions auxquelles une fiche devait aboutir…