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Aujourd’hui
je vais évoquer la Loi de Programmation Militaire,
quelques
autres sujets sur l’évolution de nos moyens et
encore
une décision parfaite de notre CEMAA qui décidément
bouscule 20 ans d’immobilisme et de velléité.
Je
vous ai déjà parlé de Louvois, cette
monstruosité technocratique issue de la réflexion
autorisée et sans limite des contrôleurs généraux
du Ministère de la Défense. Le
Contrôleur général des armées Jacques
Feytis, directeur des ressources humaines du
ministère de la
Défense, n’a pas manqué d’être
interrogé par la commission de la Défense et des
Forces
armées sur les dysfonctionnements causés par
Louvois.
Dysfonctionnements dont les responsables, comme le
soulignait un
récent rapport parlementaire, bénéficient d’une
certaine
“impunité”…
“Le
système d’information Louvois, je l’avoue, a subi
peu d’évolutions matérielles même si
plusieurs changements de version ont été
incrémentés.
En revanche nos équipes techniques ont été
renforcées. C’est un système que nous
avons
développé nous-mêmes,
il
a donc été conçu avec des logiques un peu
anciennes et,
qui plus est, il n’est pas documenté, si bien que
les 25
techniciens supplémentaires doivent entrer dans le
système
pour bien le comprendre!”, a
commencé par expliquer Jacques Feytis. !! Merci
pour les
responsabilités !!!
Nous
avons eu Louvois, maintenant nous avons les BDD.
Cette idée de
Base De Défense a été initiée par les
mêmes contrôleurs généraux dans leur grande
logique de l’interramisation des supports qu’ils
mettent
en avant depuis au moins 30 ans. Pendant 30 ans les
ministres ont
reculés, les militaires ont refusé, mais un jour est
arrivé le ministre Morin et sa puissance de
réflexion.
Le résultat est là. Monsieur Le Drian est contraint
de
rajouter des millions d’euros pour permettre aux BDD
de finir
l’année tout en annonçant les fermetures
d’installations militaires pendant les fêtes de fin
d’année pour faire des économies. Non seulement
les BDD sont plus couteuses et moins efficaces que
l’organisation
précédente, mais nous sommes dans la logique
dangereuse
de privilégier les métiers plutôt que la mission
comme en 1870.
Autre
conséquence perverse, dans les réductions
d’effectif,
notre CEMAA ne peut pas jouer sur les aviateurs
détachés
dans les unités du soutien interarmées !!!
C’est
mieux qu’UBU Roi. Qui aura le courage de revenir en
arrière
ou au moins de créer des BDD monocolores comme les
marins
l’ont fait sans le dire ?
La
loi de Programmation Militaire 2014/2019
Il
a été dit que la loi de programmation militaire
annonçait la dégradation de notre outil de défense.
C’est vrai qu’elle ne nous porte pas à
l’optimisme, bien au contraire, mais il faut
cependant la
regarder de plus près pour porter un jugement sur
les réelles
dégradations qu’elle entraine.
Pour
l’Armée de l’Air c’est un cataclysme :
non content de réduire les objectifs du livre blanc
sur la
flotte des avions de chasse à 180 avions (245 en
2008 !!!),
la LPM n’envisage la livraison que de 22 Rafale sur
la période
2014/2019 auxquels il faut ajouter 15 A400M Atlas
(ce qui demandera
de prolonger 14 Transall C-160) et de seulement 2
avions
ravitailleurs MRTT sur les 12 prévus. Les
restrictions sont
telles que le CEMAA prévoit un entrainement
différencié
pour les pilotes. Une élite volera sur Rafale les
autres
feront 40 heures sur cet avion et le reliquat des
heures annuelles
seront faite sur une trapanelle qui aura un tableau
de bord similaire
à celui du rafale !!! Voilà où nous en
sommes.
Quant
aux autres armées elles sont beaucoup mieux
traitées.
Réduction soit, mais pas dans les mêmes proportions
que
l’Armée de l’air. Sur la période 2008-2019,
les armées auront perdu 80 000 hommes, un quart de
leurs
effectifs ; c'est considérable mais l’AAir a perdu
65%
de ses moyens de combat.
L’armée
de Terre voit sa cible de Tigre réduite mais il y
aura 60
tigre en 2019. En complément des 26 Cougar rénovés
et des Caracal, l’Alat va recevoir 38 NH 90 avant
2019 sur une
cible de 68… soit 140 hélicoptères de
reconnaissance et d’attaque, 115 hélicoptères de
manœuvre (il n’est pas envisagé de créer
dans l’ALAT un entrainement différencié !)
une trentaine de drones tactiques et la rénovation
complète
des forces de manoeuvre qui disposeront en 2025
d’environ 200
chars lourds, 250 chars médians, 2 700 véhicules
blindés multi rôles et de combat.
Quant
à la Marine c’est en augmentation du tonnage total
qu’il
convient de parler et elle prend un sacré embonpoint
! En
pleine guerre froide, en 1980, la Marine "pesait" 93
000
tonnes ; en 2020 elle atteindra les 220 000 tonnes,
laissant loin
derrière la Royal Navy ! Et on parle toujours de la
ZEE
française qui est le prétexte de cet embonpoint.
Dans
le Pacifique, qui représente 80% de la ZEE
française,
ce qui correspond à une surface deux fois plus
importante que
celle de l’Union européenne est-il raisonnable de
mettre
en place une force navale à cette échelle et face à
quel ennemi ??
Merci
monsieur le Ministre, la Marine et vos électeurs
bretons sont
satisfaits.
Toujours
dans la LPM nous pouvons aborder le problème des
effectifs, de
l’encadrement et des rémunérations.
Grâce
à la LPM les armées vont assumer 60% des
suppressions
de postes de fonctionnaires prévus au budget 2014,
alors
qu'elles ne représentent que 10% des emplois publics
de
l'Etat.
L’encadrement
de haut niveau des
armées est
dramatiquement
faible
en comparaison de l’encadrement de la fonction
publique
civile, Une
situation qui
divergera encore plus
grâce au « repyramidage » que la LPM
officialise.
Les cadres de
haut niveau sont classés dans la catégorie A+, pour
les
militaires nous y trouvons les officiers généraux
des
trois armées et des organismes interarmées (377
généraux), de la délégation générale
pour l’armement (DGA) (111 ingénieurs généraux)
et du contrôle général des armées (CGA)
(50 contrôleurs généraux) soit un total de 538
A+, auxquels s’ajoute un contingent restreint de
colonels
terminant leur carrière en hors échelle lettre.
L’ensemble représentait un total de 921 titulaires
en
janvier 2013 (CC-2013), soit, ramené à la population
totale de militaires, un taux de 0,41
%.
Pour
les agents civils de l’État, cette catégorie
représente 84 600 titulaires pour 1 665
450 agents,
soit
5,1 %
des effectifs de la fonction publique civile d’État
(PLF
2012, pp. 157-175).
Deux
horizons se dévoilent ainsi dans les discours.
Pour
l’un, parlant de la fonction publique, « Le
contexte est difficile. Et les marges de manœuvre
sont
étroites. La situation financière de la France est
une
contrainte. Mais elle ne doit pas être un
obstacle. Ni à
l’évolution de notre fonction publique, ni à
l’amélioration de la situation des agents »
ce
qui conduit à affirmer : «Notre
volonté
est une volonté de renforcement de la fonction
publique en même temps qu’une volonté
d’amélioration de la situation des agents».
dixit madame M Lebranchu Ministre de la réforme de
l’État,
de la décentralisation et de la fonction publique.
Pour
l’autre, parlant des militaires, si le postulat
semble
identique : «Dans
un
contexte de forte contrainte budgétaire […]»,
les
conclusions en sont radicalement différentes «économies
sur
le fonctionnement, économies aussi sur la masse
salariale ».
Dixit Y Le Drian notre ministre !!!
Dernier
avatar, on s’attaque à la retraite des anciens
combattants
La
Retraite Mutualiste du Combattant, institué au
lendemain de la
Première Guerre Mondiale, sera réduite de 20% par le
décret n° 2013-853
publié au Journal Officiel du 26 septembre… Doit-on
dire merci ?
Enfin
deux bonnes nouvelles
-
L’équipe de voltige de
l’armée de l’air était présente cette année aux
27ème world aerobatic championship, championnats
du monde de voltige, qui se sont déroulés au
Texas du 9 au 20 octobre. Les capitaines Le Vot,
Rallet et Varloteaux représentaient ainsi la
France aux commandes de leur Extra 330. Et le
moins que l’on puisse dire, c’est que le succès
a été au rendez-vous : Le capitaine François Le
Vot a terminé sur la première marche du podium à
l’issue des épreuves individuelles. Avec le
capitaine François Rallet, c’est une première
place que les deux pilotes de voltige se sont
offert concernant l’épreuve par équipe. L’EVAA est
ainsi championne du monde en individuel et par
équipe.
Connaissez-vous
l’ASAF ? C’est l’Association de Soutien à
l’Armée Française.
Cette
association défend la place des armées au sein de
notre
nation (www.asafrance.fr)
. Elle publie un journal très intéressant
« Engagement ». On y trouve, généralement
dans la rubrique "Libres Propos", des articles très
documentés mais on peut lire aussi des attaques
insupportables
contre l’AAir comme celles du général Desportes
(2S) qui souhaite l’abandon de la Composante
aéroportée
au prétexte que
son efficacité est d’un caractère gentiment
irréaliste
(sic), qu’elle coute chère, qu’il faut la
moderniser tout en oubliant de préciser que les
mêmes
avions (dieu sait si ils sont peu nombreux, confer
supra) assurent
outre les missions nucléaires toutes les autres
missions de
combat de l’AAir.
Alors
mon général à trop vouloir prouver dans un
mauvais combat….
Nous
pourrions vous emboiter le pas sur l’utilité de
certaines composantes de votre armée d’origine, mais
comme dit notre Premier Ministre sur un autre sujet
ce serait aussi
« minable » que ce que vous dites sur
l’AAir.
On
trouve aussi dans le même numéro une approche des
dépenses liées au nucléaire aujourd’hui et
à échéance de 2030 ou la présentation est
intelligemment biaisée pour mettre sur le même pied
les
dépenses nucléaires Marine et Air. Ces pratiques
rappellent certaines, en cours à l’EMA il y a plus
de
deux dizaines d’années, qui consistaient à placer
en hypothèses les conclusions auxquelles une fiche
devait
aboutir…
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