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LE
SERGENT DOUGLAS MAC MONAGLE
PAR PAUL AYRES ROCKWELL
Son
of Beverly and Minnie C. MacMonagle. Educated Hackley
School, Tarrytown, New York; Berkeley School, California,
Switzerland and Germany; and University of California, one
and one-half years, Class of 1917. Joined American Field
Service, December 30, 19 1915 ; attached Section Three to
May 20, 1916; Section Eight, June 20 to September 20,
1916. Croix de Guerre. Enlisted French Aviation, October
3, 1916. Trained Avord and Pau. Attached Escadrille NY.
124 (Lafayette). Killed in combat, September 24, 1917,
near Verdun. Croix de Guerre with palm, Buried Triaucourt,
Meuse. Body transferred to American Cemetery,
Romagne-sous-Montfaucon Meuse.
Le
sergent Douglas Mac Monagle était l'un des pilotes les
plus vivants, et les plus joyeux qui aient jamais volé à
l'escadrille La Fayette. En pleine expansion de vitalité juvénile, en
pleine joie de vivre, d'une personnalité débordante il
était le favori de tous ses camarades. Au centre
d'entraînement d'Avord il éta;t déjà considéré par ses
moniteurs ccmme l'un des pilotes qui étaient destinés à
trouver au front la célébrité ou la mort. Et bien que sa
carrière d'aviateur ait été courte, son «record» fut tel
que le souvenir demeurera de lui comme l'un des engagés
volontaires américains les plus valeureux parmi ceux qui
sont tombés au champ d'honneur en poitant l'uniforme des
soldats de France.
Douglas Mac Monagle était né à San Francisco, en
Californie. Il était fils du docteur Beverly Mac Monagle,
médecin renommé. Dès l'enfance il s'était montré
enthousiaste de la vie au grand air et des sports, et dès
le collège, il comptait dans les équipes de base-ball, de
foot-ball et des autres concours athlétiques.
L'invasion brutale de la France par les Huns fit surgir
l'esprit combatif de ce jeune Américain et il n'eut qu'une
hâte, celle de venir en France et d'apporter son concours
contre les Allemands. Son père venait de mourir, sa mère
consentit à son départ et lui permit de faire son devoir
contre l'ennemi de tout peuple digne de ce nom. C'est
ainsi que Mac s'enrôla dans le service des ambulances
américaines et fut dirigé sur la France.
A son arrivée il fut
désigné pour une section qui tenait le secteur de Verdun
et quelques semaines après son arrivée à proximité du
front Mac Monagle méritait une citation pour avoir ramassé
les blessés sous un violent bombardement et était décoré
de la Croix de Guerre.
Mac était un garçon au sang généreux; après qu'il eut vu
les «poilus» français à l'œuvre il ne tarda pas à juger
qu'un combattant valait dix mille conducteurs d'ambulance.
En conséquence il s'engagea dans l'aviation française et,
à la fin de son entraînement, rejoignit l'escadrille La
Fayette, le 17 juin 1917, alors qu'elle se trouvait sur le
front de l'Aisne. Deux autres remarquables pilotes
américains, James Norman Hall et David Mc. K. Peterson,
amis intimes de Mac Monagle, rejoignirent l'escadrille La
Fayette le même jour.
Peu après je fis une visite à l'unité et fus grandement
impressionné par l'allant et la modestie de Mac. Dès que
Lufbery, Thaw ou quelque autre des vieux pilotes parlait
aviation, Mac était toujours là, à écouter avec le plus
vif intérêt. Il donnait l'impression de prendre des notes,
mentalement, pour sa vie prochaine. Il y avait alors
vingt-six pilotes à l'escadrille, et seulement quinze
appareils, aussi était-il rare que les nouveaux venus
puissent aller sur les lignes. Mac Monagle était toujours
volontaire à chaque sortie et volait aussi souvent qu'il
le pouvait, tôt ou très tard, peu lui importait.
Le sentiment de loyauté de Mac Monagle à l'égard de ses
camarades était aussi entier que son amour de l'action. Un
matin, à la fin de juillet, l'adjudant Walter Lovell, le
regretté Courtney Campbell (disparu depuis le 1er
octobre) et Mac faisaient une patrouille au-dessus
des lignes dans les Flandres. Lovell, qui était chef de
patrouille, vit trois biplaces boches, convoyés par trois
monoplaces, qui faisaient une reconnaissance à l'intérieur
des lignes françaises. Aussitôt il attaqua l'un des
biplaces tandis que Campbell se précipitait sur un autre.
Immédiatement un monoplace boche piqua et vint se placer
derrière les Américains, ouvrant le feu avec des balles
explosives et des balles incendiaires. Lovell, grâce à son
habileté de manœuvre réussit à rompre le combat sans être
touché. La mitrailleuse de Campbell s'enraya dès les deux
premières balles et il dut piquer vers le sol de 2.000
mètres pour parer au danger. Mac Monagle avait fait
l'essai de sa mitrailleuse avant l'attaque et avait
constaté qu'elle ne fonctionnait pas. Néanmoins il resta à
évoluer autour des Allemands, les tenant dans la crainte
de son attaque et d'autant plus inquiets qu'il avait sur
eux l'avantage de la hauteur. Il en fut ainsi aussi
longtemps que ses camarades ne furent pas hors de danger.
Le 24 septembre, ce vaillant Californien fut tué en combat
aérien. Il était parti en patrouille dans le secteur de
Verdun avec le sous-lieutenant Raoul Lufbery et le sergent
Robert Rockwell. Au-dessus du Mort-Homme les trois
Américains virent une patrouille allemande de huit avions,
appartenant à la fameuse «équipe tango», qui venait à leur
rencontre et se trouvait à une altitude beaucoup plus
élevée. Lufbery comprit le danger et se mit à prendre de
la hauteur pour ne pas subir ce handicap, en tenant
toujours l'œil sur Mac qui se trouvait le plus voisin des
Boches. Lufbery vit son malheureux camarade se précipiter
au-devant des avions ennemis qui ouvrirent le feu sur lui.
Les balles traceuses passaient dans tous les sens autour
de l'avion de Mac qui soudain se mit à tomber et s'écrasa
au sol juste derrière la première ligne des tranchées
françaises. Lufbery et Rockwell livrèrent combat aux
Allemands, et Rockwell descendit l'un des avions de
l'équipe tango immédiatement derrière les lignes
allemandes. Pendant ce temps les poilus, bravant un
violent bombardement allemand dégageaient le cadavre de
Mac Monagle des débris de son Spad. Mac avait été atteint
de deux balles à la tête, qui l'avaient tué sur le coup.
Son corps fut ramené à l'escadrille La Fayette. Deux jours
plus plus tard il fut enterré dans le petit cimetière
militaire de Thiaucourt. La fanfare des bugles d'un
régiment du génie américain, pour la première fois en
France, rendit les honneurs funèbres sur sa tombe.
La mère de Douglas était arrivée à Paris au mois de
juillet, apiès un voyage de 9.000 kilomètres depuis San
Francisco, et avait eu la satisfaction de le voir peu
avant sa mort. Mme Mac Monagle supporta l'irrémédiable
deuil avec courage, en trouvant la force de sa résignation
dans son grand amour pour la cause de la France et dans sa
conviction que Douglas avait trouvé la mort la plus belle,
à laquelle aucune autre ne peut être comparée. Elle a
résolu de passer la fin de sa vie en France, ce pays
qu'elle considère désormais comme sa propre patrie. Il y a
peu de temps elle à reçu la Croix de Guerre de son fils,
orné d'une nouvelle palme qu'accompagnait la citation
suivante à l'ordre de l'armée:
«Mac Monagle (Douglas). Jeune pilote américain plein
d'audace et de courage. Le 24 septembre, s'est porté à la
rencontre de huit avions ennemis qui tentaient de survoler
nos lignes. En a attaqué un résolument. Est tombé au cours
du combat».
PAUL AVRES ROCKWELL.
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