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L'enquête sur l'accident par André Cornué   (Bigben)  contact                                                            


RETOUR "les aventures de
Denis Turina"










gloutch: cocktail dinatoire, sympa ou non, souvent bien arrosé
STPA: Service technique des programmes aéronautiques
STAé: Services Techniques de l'Aéronautique

J'ai été chargé de l'enquête technique sur cet accident. Après l'examen des débris récupérés et rapatriés sur la base de Bremgarten, "l'évidence" était que le compresseur BP s'était désolidarisé du compresseur HP. L'écrou de liaison de ces deux compresseurs a été retrouvé seul et intact au milieu des débris moteur. Le filetage de la partie mâle ne portait aucune trace. Cet écrou s'était donc dévissé seul comme un grand. Normalement cet écrou était freiné par un rondelle plate avec bords rabattus. "Bizarrement" on n'a pas retrouvé trace de ce frein dans les débris. Une seule explication : "le frein d'écrou" avait été oublié au dernier remontage du moteur. Cette opération avait été faite en révision quatrième échelon à la SNECMA ! Celle ci a détaché rapidement des experts qui ont développé une théorie abracadabrantesque qui  voulait qu'à l'impact du moteur avec le sol cette rondelle frein se soit déformé en "parapluie" se dégageant ainsi du filetage de l'écrou ! ! ! Je n'ai jamais voulu accepté cette hypothèse et il s'en est suivi une série de réunions avec les services concernés. La SNECMA a convoqué le pilote seul à qui elle a offert un "gloutch au cours duquel elle a essayé de faire décrire par l'ami Tonton (surnom de Denis TURINA) un scénario favorable à leur hypothèse. Mais voilà il n'a pas suivi. Accessoirement assistait à cette manoeuvre, un beau jeune homme Ingénieur de l'armement au STPA qui découvrait tout ! Pour faire aboutir l'enquête, une réunion plénière a été convoquée au STAé. Étaient représentés outre Tonton et mézigue, le responsable de l'après vente SNECMA (ancien mécano AA), le responsable du service d'assistance technique SNECMA (Ancien officier mécano de l'AA) les services de l'État en la personne du beau jeune homme cité plus haut, le représentant de la Sécurité des vols de l'État Major, l'inspection technique de l'armée de l'air, la DCMAA représentée par quelqu'un que je ne nommerai pas et le chef des Moyens Techniques de la 11ème escadre. J'ai peut-être oublié quelques autres figurants!

 A tour de rôle nous sommes passés au tableau noir pour développer nos conclusions, et là le beau jeune homme a pris la parole en commençant par: "La théorie de l'officier mécanicien enquêteur n'étant pas acceptable . . . ."  là je me suis levé de table, fou de rage en "gueulant, comment vous qui avez découvert les faits au cours d'un déjeuné secret, vous osez aujourd'hui prétendre que je raconte des sottises ? Vous ne manquez pas de culot ! Je conteste formellement vos affirmations ! " Là mon chef des Moyens techniques m'a tiré par la manche en me faisant me rasseoir et me disant "arrête, ils vont avoir ta peau !" (première fois qu'il me tutoyait !)

 Je suis sorti sur ce et les conclusions ont été tirées et  tout le monde DCMAA, INSPECTION TECHNIQUE, BPM, m'a donné tort. Seul le Général COPEL chef du bureau Sécurité des Vols a osé écrire que c'était mon explication qui était la bonne (merci mon général).

 En conclusion, j'ai mis en évidence la collusion AA, SNECMA et STPA. Toutefois le beau jeune homme a été déplacé peu après !

 Pour terminer, j'ai appris plus tard par un ancien du poste de Sécurité Militaire de l'État Major, qu'à la suite de cette affaire, j'avais fait l'objet d'une enquête de Sécurité ! Excusez du peu!

J'ai conservé dans mes vielles archives les preuves de ce que je vous raconte. Merci à "tonton" qui m'a toujours soutenu et encouragé.


Denis Turina (tonton) précise











Un aller sur les lieux

Pour compléter ce que dit Bigben, quand j'ai appris ma convocation à Paris pour l'enquête, je me suis fait briefer solide sur le J57 par le regretté Bernard Guillot, officier mécano du 1/11.
Je une lieutenant je suis tombé de haut, et sans parachute, en découvrant le déroulement des réunions dont parle André. Passons sur le gueuleton offert par la SNECMA.
Pour la réunion pléinière c'est moi qui, dans la voiture qui nous emmenait de Balard à Boulogne Billancourt, ai briefé le commandant (je crois) de l'EMAA. Il avait découvert le dossier le matin même.

Au cours de la réunion, alors que le vrai sujet me semblait être de savoir qui allait porter le chapeau, le "modérateur", ancien de l'AA, a voulu recentrer le débat sur le fond en déclarant : - "il y a eu mort d'homme !". Là j'ai levé la main pour lui demander de préciser son affirmation.

Je crois aussi que le père d'un pilote de F-100 travaillait à la SNECMA. Il aurait fait savoir discrètement que des mesures solides avaient été prises pour le contrôle/qualité.

Pour la petite histoire, en septembre dernier, soit 50 ans plus tard, en me rendant de Toulouse à Loctudy pour fêter les 55 ans de notre promo, j'ai fait un petit pèlerinage à Parnac. J'y ai retrouvé la jeune mariée qui m'avait accueilli, avec son époux et ses parents, après mon arrivée en fanfare sur leurs terres à leur retour de voyage de noce. Elle était d'autant plus émue que son mari était décédé accidentellement il y a peu, que cette histoire avait longtemps alimenté les réunions familiales et qu'ils n'en avaient jamais plus entendu parler. Dans la discussion elle m'a demandé quel âge j'avais au moment de l'accident, et elle a souri en disant:
<< quand nous discutions avec vous, mon mari était très intéressé par l'aspect technique et spectaculaire de l'accident. Moi j'avais l'impression d'avoir devant moi un ado, tout penaud d'avoir cassé son beau jouet ! >>
Aujourd'hui c'est leur fille et son mari qui tiennent l'exploitation viticole: le Château Saint Sernin à Parnac.



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