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HÉROS DISPARU : LUFBERY
Raoul Gervais Victor Lufbery
Un 19 mai 1918.....Capitaine H. CH.
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HISTOIRE D'UNE VOLONTÉ
L'AS AMÉRICAIN LUBERY

Jacques Patin 15 juin 1918
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American Aviators of WWI   The Birth of Military Aviation    Raoul Lufbery Leading Ace of the Lafayette Escadrille    

Rien ne prévoyait une tragique fin dans la matinée du 19 mai 1918. Lufbery décolle rapidement à bord d'un Nieuport pour aider un pilote en difficulté avec un avion d'observation allemand. Lufbery se place en position de tire sur l'avion allemand, sa mitrailleuse s'enraye. Une balle de l'Allemand traverse le réservoir de Lufbery, son avion prend feu; la même balle, ou une autre, lui sectionne le pouce droit. L'accrochage  a lieu à la verticale du village de Maron à 12 km au sud-est de l'aérodrome de Toul. Lufbery est vu détaché de l'avion (vers 500m) s'écrasant au sol sur une palissade dans la cour d'une paysanne près du village de Maron. Rickenbacker (26 victoires) et d'autres arrivent dans les 30 minutes pour constater que les villageois avaient déjà pris le corps de Lufbery pour le mettre sur la place du village, couvert de fleurs.
Lufbery, décollant rapidement, s'était-il mal brêlé? Luftbery disait toujours à ses pilotes, d'après Rickenbacker, : " dans un avion en feu, ne jamais sauter, sauter c'est la mort certaine; il vaut mieux rester dans un avion en feu, il y a déjà quatre ou cinq cas où le pilote a survécu"... cette pensée le hantait, il en parlait souvent à ses potes, "Ce que j'ai toujours redouté le plus, là-haut, ce ne sont pas les avions allemands ni les canons spéciaux, c'est le feu..." d'après l'adjudant Edwin Charles Parsons.
Le cercueil de Lufbery a été ramené à la caserne de Toul. Le lendemain, l'as des as américains a été enterré, entouré de centaine de personnes lui rendant hommage, parmi lesquelles  Eddie Rickenbacker, Billy Mitchell, le général Gérard, commandant de la VIe Armée française, et le général Ligett, commandant de la 26e Division. Rickenbacker est retourné à l'aérodrome peu de temps après, a amené une patrouille de plusieurs avions qui a survolé la tombe, larguant des fleurs. Les Allemands, eux aussi ont survolé la tombe et largué des fleurs.
(Edimestre, lepeps source )
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C'est une admirable figure, originale et puissante, qui vient de disparaître. jamais la fortune ne s'employa plus amoureusement à faire surgir sous les pas d'un homme l'étrange succession de ses caprices : jamais âme, sous des airs de nonchalance et d'abandon, ne se conserva plus lucide et plus ferme dans ses desseins. Aussi s'explique-t-on que cette destinée, si paradoxale et contradictoire en apparence, resplendisse aujourd'hui dans l'unité sublime de l'héroïsme et de la gloire. Ce qui poussait Lufbery dans ses courses vagabondes d'autrefois, ce n'était certes pas une imagination fantasque et pas davantage une vaine curiosité, mais le secret instinct des actions grandioses et comme l'obscur pressentiment de sa grandeur future. Tels, les Paladins parcouraient autrefois le monde à la recherche de hauts destins, qui terminaient leur vie en quelque contrée lointaine, joyeux en tombant d'avoir réalisé leur rêve et frémi au souffle d'une gloire surhumaine.
Il naquit en 1885, non pas à Paris comme on l'a dit, mais dans le Puy-de-Dôme. Son père était Américain, sa mère Française (de legionetrangere.fr  biographie, : Né le 14 mars 1885 à Chamalières, d’un père américain et d’une mère française. Ayant perdu sa mère, Anne Vessière, à l’âge d’un an, il fut élevé par sa grand-mère à Chamalières, son père Edward Lufbéry, ingénieur chimiste étant allé travailler aux États-Unis).
En 1906, avec son frère Charles, Raoul part aux USA rejoindre leur père. Mais celui-ci regagne au même moment la France. Les deux frères travaillent dans une usine puis Raoul décide, deux ans plus tard, de tenter l’aventure à Cuba, La Nouvelle Orléans, San Francisco, vivant de petits boulots ; Il finit par s’engager dans l’armée US et acquiert ainsi la nationalité américaine. Il sert aux Philippines, se révèle un tireur hors pair, visite le Japon, la Chine, les Indes où à la fin de son engagement il trouve une place de contrôleur à la gare de Bombay.. Il
passa son enfance aux Etats-Unis, à Wallingford, dans le Connecticut, enfance turbulente sans aucun doute, toute entière absorbée par les jeux et les exercices physiques. A l'âge de 17 ans, saisi par le démon de l'aventure, il ambitionna de parcourir le monde. Et sans doute bien l'exemple de son père que la passion des timbres rares entraînait à de longs voyages, ne fut pas étranger à son dessein. D'autres conçurent le même rêve et s'exaltèrent dans leur jeunesse à l'idée de courses sans fin qui, tout doucement, l'âge aidant, s'en vinrent à la sagesse d'une vie sédentaire. Plus spontanée et plus forte était chez Lufbery la nostalgie des pays lointains. Un beau jour il quitta le domicile paternel.
Il vint d'abord en France, séjourna à Paris, à Bourges, à Marseille : Marseille, si suggestive par la diversité de ses êtres et de ses mœurs. L'inconnu s'ouvrait devant Lufhery. Il s'y jeta. L'Algérie, la Tunisie, l'Egypte le virent successivement, toujours curieux, toujours avide de tout connaître. Un modeste emploi que son ingéniosité avait tôt fait de découvrir lui permettait de vivre dans les villes où le fixait momentanément son caprice. Il passa les flots, visita Constantinople, de là, gagna les Balkans, puis l'Allemagne où
le désir lui vint de revoir la maison paternelle. Il s'embarqua à Hambourg pour l'Amérique du Sud. Quand il arriva à Wallingtord, il ne put embrasser son père. Celui-ci était parti la veille.
Pendant un an Lufbery vécut aux côtés de son frère. L'ennui le gagna à la longue. Un an d'immobilité et de vie monotone, c'était plus qu'il n'en pouvait supporter. En 1907, il se rendit à la Nouvelle Orléans et s'engagea dans l'Armée Américaine.
Son service terminé après un séjour de plus de deux ans aux Iles Philippines, il visita le Japon et la Chine et de là gagna les Indes. C'est à Bombay que lui arriva l'amusante aventure que Paul Ayres Rockwell, le brillant historiographe de nos as Américains, nous conte en ces termes :
« A Bombay, Lufbery remplit les fonctions de contrôleur sur les chemins de fer de l'Etat. Un jour, tandis qu'il effectuait son service un grand et solennel Hindou se présenta au guichet. 

— Un billet ? demande Lufbery.
— Vous devez m'appeler : Monsieur, répond l'Indien.
Lufbery est vif de tempérament. Il fit pivoter l'Indien et l'expulsa de la gare. Quelques minutes plus tard il était convoqué au bureau du chef et congédié. Il avait malmené le plus riche et le plus puissant des mahométans de Bombay. » 
...Lufbery fit son ballot et partit pour l'Indo-Chine. Le hasard voulu qu'à Saïgon il rencontra Marc Pourpe. On connaît l'aventure: Lufbery offrant ses services comme mécanicien et confessant son ignorance du métier, Marc Pourpe étonné d'abord, puis séduit par tant d'assurance et engageant Lufbery. J'aime la franchise vigoureuse et la confiance en lui de l'Américain ; mon admiration va tout autant à Marc Pourpe dont la sûre intuition lui fit pressentir la valeur de celui que d'autres eussent taxé de présomption et éconduit. Ce jour-là décida de l'existence de Lufbery. Il avait désormais un but dans l'existence. On verra où il le devait conduire.
Marc Pourpe ne tarda pas à se prendre d'amitié pour lui. Lufbery, remarquablement intelligent, apprenait vite et rendait les meilleurs services au courageux pilote qui travaillait là-bas pour la plus grande gloire de la science et de l'industrie françaises. Que ce fût en Indochine, au Cambodge ou en Egypte, les entreprises des deux amis se poursuivaient avec un égal succès. Au cours de l'été 1914, ils vinrent en France pour y prendre livraison d'un nouvel appareil et s'apprêtaient à repartir lorsque la guerre, subitement déclarée, offrit à leur valeur l'occasion de nouveaux exploits. Bien que dégagé de toute obligation militaire, Pourpe s'engagea. Il ne pouvait être question pour Lufbery d'abandonner son ami. Il se présenta au Bureau de recrutement, se heurta à pas mal de difficultés, obtint enfin d'être incorporé à la Légion Etrangère et presque aussitôt versé en qualité de mécanicien dans l'aviation. Les deux amis partirent ensemble en escadrille. La mort devait bientôt les séparer. Le 2 décembre 1914, Marc Pourpe dont la valeur et la bravoure étaient admirées de tous, tombait au champ d'honneur.
Lufbery en ressentit une telle douleur que, pour venger celui qu'il aimait comme un frère, il demanda à devenir élève pilote. Il obtint satisfaction et remarquablement doué ne fit qu'un court stage aux Ecoles. Il servit plusieurs mois dans une escadrille de bombardement, mais la chasse devait irrésistiblement séduire une nature éprise d'audace et d'aventure comme était la sienne. Au début de l'été 1916, il passa sur Nieuport et, son entraînement terminé, rejoignit le front dans l'escadrille américaine dont il fut bientôt l'As incontesté. Le 30 juillet, il attaquait un appareil ennemi et l'abattait près  d'Etain ; le 4 août il remportait sa deuxième victoire : le 8 août il précipitait son troisième adversaire en flammes près de Douaumont.  Il reçut la Médaille Militaire. «Modèle d'adresse, de sang-froid et de courage», dit le texte officiel. Il apportait en effet à la chasse, avec une ardeur incomparable d'exceptionnelles qualités de pilote et de tireur. Alors qu'il appartenait à l'armée américaine, il avait gagné l'épinglette du régiment. Ajoutez à cela une intelligence extrêmement prompte des situations, un curieux mélange d'audace et de prudence, un mépris souverain du danger. Son sourire empreint de simplicité et de fine bonhommie cachait une âme solidement trempée. Au surplus, le plus modeste des héros, muet sitôt qu'interrogé sur ses exploits.
Pareils débuts faisaient présager de nouveaux succès qui ne se firent pas attendre.
Le 12 octobre 1916, Lufbery au cours du bombardement des usines Mauser, il abattait son 5e avion. Sa gloire fut désormais officielle: il eut les honneurs du communiqué. Peu de temps après, l'escadrille américaine partit pour les champs de bataille de la Somme et presque aussitôt Lufbery remportait deux nouvelles victoires qui d'ailleurs ne lui furent pas homologuées, les avions ayant été abattus trop loin dans les lignes. Il n'en fut pas de même de l'Aviatik qui, le 27 décembre, tomba sous ses coups et lui valut une nouvelle mention au communiqué. Entre temps il avait probablement abattu trois autres avions.
Sa 6e victoire le classait parmi l'élite. Il fut proposé pour la Légion d'Honneur qu'il reçut quelques mois plus tard. De violents rhumatismes l'immobilisèrent au début de l'année 1917. On lui conseillait d'entrer à l'hôpital : il n'y consentit que lorsqu'il eut remporté sa 7e victoire. Il prit alors un court repos à l'hôpital et, en mars 1917, rejoignit son escadrille. De nouveaux exploits l'y attendaient. C'était l'époque de la retraite allemande. Durant ces jours où tous les cœurs frémissaient d'espérance, Lufbery déploya une activité extraordinaire. Le 8 avril, il obligeait un avion à atterrir, le 13 il abattait son 8e et le 24 son 9e appareil. Chaque victoire l'enflammait d'une ardeur nouvelle: sa tactique de combat se faisait plus précise et plus sûre. Le 12 juin, il réussit un magnifique exploit. Cinq avions boches montaient une garde vigilante autour de deux biplaces qui réglaient sur nos positions un tir particulièrement meurtrier. Lufbery se tient à distance, guettant l'instant propice et comme un des avions de réglage s'éloigne imprudemment du groupe, il fonce sur lui et remporte sa 10e victoire. Ce même jour il reçut la Médaille Militaire anglaise et vers la fin du mois il fut promu sous-lieutenant. Son père dont il était sans nouvelle depuis dix ans s'émut au spectacle de cette gloire croissante que la presse d'outre-mer exaltait. Il écrivit à son fils une lettre qui rétablit entre eux des relations longtemps interrompues.
Les succès s'ajoutaient aux succès. Pendant le mois de septembre quatre avions abattus, deux probables, deux homologués. Le 16 octobre, Hurtebise voit la 13e victoire de Lufbery. Huit jours plus tard il abat son 14e avion près de Courtecon. Une magnifique citation consacre sa victoire: «Pilote remarquable, le plus bel exemple de bravoure, d'énergie et d'audace. Le 24 octobre 1917, alors que l'ennemi battu la veille essayait de réagir, a fourni un splendide effort, livrant au cours de trois vols successifs, sept combats rapprochés dans lesquels il a abattu son 14e adversaire et fait tomber désemparés cinq autres avions allemands.»
Le 15e et le 16e furent abattus le même jour, le 2 décembre 1917.
L'entrée en guerre des Etats-Unis amena son départ de l'escadrille La Fayette. Il était naturel qu'un aussi remarquable pilote reçut les fonctions où l'on pouvait attendre les
meilleurs résultats de son savoir et de son expérience. Il fut promu major dans l'Armée américaine et comme tel nommé directeur technique de l'aviation. Il fit preuve d'une rare compétence mais, si absorbantes que fussent ses nouvelles occupations, il ne put se résoudre à cesser de piloter. A tous les jeunes pilotes, pleins d'ardeur qui ambitionnaient de se mesurer avec le Boche, il voulait donner l'exemple. Et quel exemple! Le 12 avril, il abattait un Albatros D.3: à cette victoire s'ajoutait quelques jours après un nouveau triomphe. Mais cet avion n'était pas homologué. Il est du 27 avril.
Le 17 mai, il vint à La Guerre Aérienne serrer la main à ses amis. Toujours le même sourire plein de bonhommie et de force tranquille, la même réserve charmante opposée à notre curiosité, la même confiance en un destin dont il voulait ignorer la grandeur. Aussi quelle douloureuse stupéfaction que la nouvelle de sa mort survenue deux jours plus tard ! Touché dans un combat particulièrement dur, son appareil avait pris feu. Le pilote pour ne pas être brûlé vif s'était jeté dans le vide d'une hauteur de 400 mètres.
Telle fut, rapidement esquissée, cette admirable existence qui commencée sous les auspices de la fortune inconstante, s'acheva par la force d'une volonté et l'exaltation des plus nobles instincts de l'âme humaine, en gloire d'apothéose. Elle ne peut manquer de tenter plus tard un romancier qui des faits et de l'homme évoquera dans sa beauté touchante quelque prodigieuse légende ont s'émerveilleront nos petits enfants.
Pour nous, trop angoissés par la grandeur tragique des heures que nous vivons pour consentir au rêve, ce qui domine en nous, c'est avec l'admiration pour tant d'héroïque beauté, un sentiment de pieuse gratitude pour ce héros qui s'en vint dès les premiers jours de la guerre lutter à nos côtés pour le triomphe du droit et le salut de la France, comme s'il avait compris que de toutes les aventures offertes à son courage, celle-ci était la plus haute et la plus noble. Capitaine H. CH. 


COMMENT JE CONNUS LUFBERY par Marc POURPE    (RECORDMAN DU DÉSERT -Marc Pourpe était l'un des plus admirables  et des plus modestes pilotes du temps de paix, il se spécialisa dans les raids aux colonies, en Indo-Chine notamment. Il établit, entre autres, le record du vol à travers le désert du Caire à Khartoum et retour, soit 4.500 kilomètres. MARC POURPE Engagé volontaire, tombé au champ d'honneur le 2 décembre 1914, deux fois cité à l'ordre de l'armée.)

Marc POURPE  chez GALLICA  Titre : 12-3-14, Marc Pourpe à Paris [fêté après la réussite de son raid aérien du début de l'année] : [photographie de presse] / [Agence Rol] Auteurs : Agence Rol. Agence photographique Date d'édition : 1914



Toujours chez GALLICA:



LUFBERY ET POURPE par Jacques Mortane 
Je ne saurais ajouter un mot à l'article de notre collaborateur le capitaine H. Ch. Ce n'est pas parce que caporal, je respecte une hiérarchie qu'on m'a si souvent reproché de méconnaître, mais parce que l'étude ci-dessus résume d'une façon complète la vie du héros. Cependant je tiens à adresser un hommage à la mémoire de celui qui, comme son «patron» Marc Pourpe, était pour moi un très intime ami.
L'existence de ces deux globe-trotters mérite plus qu'un article de revue. Le fin romancier, Pierre Mac Orlan et moi préparons en ce moment un ouvrage qui leur sera consacré. Grâce à ma documentation, grâce au talent de mon collaborateur avec lequel je suis fier d'écrire ce livre, j'espère que nous donnerons une idée exacte de ces deux héros de roman dont le courage n'avait d'égales que la noblesse et la beauté du caractère. Ils se rencontrèrent en Indo-Chine et je ne crois pas qu'il existe sur terre deux êtres dont la vie fut plus semblable, plus extraordinaire, plus fertile en incidents. J'aimais Marc Pourpe comme un frère, j'avais pour Lutbery la plus profonde affection.
Celui-ci avait voué à celui- là un véritable culte. Et pourtant jamais il ne lui confia ses aventures d'antan.
Ils semblaient être nés tous deux le jour où ils s'étaient connus. Nulle allusion au passé: Lufbery parlait peu, Pourpe était discret.
L'Américain montrait seulement qu'il avait voyagé sur tous les continents lorsque son camarade préparait un voyage lointain. Je me souviens de ces soirées passées en contemplation devant une carte: «En juin, il y a des pluies dans cette région, déclarait Lufbery, à l'époque où vous seriez dans cette contrée vous seriez gêné par les vents perfides...» Lufbery savait étudier chaque pays qu'il visitait et tout ce qu'il voyait et observait restait gravé dans sa mémoire.
Sa conversation était des plus instructives et des plus pittoresques, mais à l'époque où il était mécanicien de Marc Pourpe, il attendait qu'on lui posât des questions pour répondre. Nous avions beau le traiter comme un véritable ami, il tenait à nous montrer qu'il n'avait pas voix au chapitre si nous ne l'y conviions point.
Lorsque je m'engageai et que je partis à Dijon, au centre de Longvic la première personne que j'aperçus fut Lufbery ou plutôt Lafberg.
Car Pourpe et moi ne le connûmes jamais sous un autre nom en temps de paix.
— Tiens, Lafberg, m'écriai-je fort étonné, puisque je savais qu'il avait signé un engagement pour partir avec Pourpe et que celui-ci était à Saint-Cyr.
— Non, rectifia-t-il, Lufbery.
Et il m'expliqua: lorsqu'il était en Indochine, il s'était fait passer auprès de son pilote comme Belge, il avait peur que s'il avouait être Américain, Pourpe ne voulût pas le ramener en France à cause des formalités pour le voyage.
— Depuis, ajouta-t-il, je n'avais jamais pensé à avouer ma véritable nationalité, ni à dire mon vrai nom à M. Pourpe.
La dernière fois que je vis Lufbery c'est l'avant-veille de sa mort. Il venait me serrer la main à mon bureau de La Guerre Aérienne avant de retourner au front. Je voulais m'entretenir longuement avec lui, écouter, narrer par lui, pourtant si peu causeur le récit des nombreux exploits qu'il avait accomplis sur le front, depuis la première heure où la France, sa seconde patrie s'était dressée devant l'Allemagne. Il était 6 heures. Je lui demandai de rester dîner avec moi. Il refusa: son train était à 8 heures.
— Non, pas ce soir, mais je reviendrai bientôt.
Il ajouta textuellement :
— Je ne pense pas qu'il m'arrive quelque chose. 
C'était la première fois que je l'entendais faire une allusion à un malheur possible. Hélas! le surlendemain, il n'était plus ! Il était parti rejoindre là-haut celui qu'il avait tenu à venger. Lufbery et Marc Pourpe resteront toujours les deux héros types qui font aimer l'humanité, malgré tout ce qu'elle a d'odieux.     JACQUES MORTANE.






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HISTOIRE D'UNE VOLONTÉ
Jacques Patin 15 juin 1918 .
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HISTOIRE D'UNE VOLONTÉ
L'AS AMÉRICAIN LUBERY

Par Jacques PATIN 

Source
  Notre numéro était déjà sous presse quand est survenue la mort de Lufbery, le 19 mai 1918, tombant de son avion en feu alors qu'il disait toujours :...dans un avion en feu, ne jamais sauter, sauter c'est la mort certaine; il vaut mieux rester dans un avion en feu,..















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